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27 janvier 2011

Jean-Baptiste Pauzat- Zúñiga a-t-il eu une descendance?

Jean-Baptiste Pauzat- Zúñiga a-t-il eu des enfants ? en Espagne, au Mexique ? existe-t-il des Pauzat-Zúñiga contemporains ?
Il est quasi certain, du fait qu’il est le premier a posséder le patronyme Pauzat-Zúñiga, qu’il a eu un fils Juan Antonio résidant à Veracruz, commerçant, exilé à Bordeaux, comme l’indique la liste des émigrés espagnols de 1821 à 1827 (voir ci-dessous) :

On retrouve cette personne dans l’ouvrage : Labor diplomática de Tadeo Ortiz de Ernesto de la Torre Villar 
“...En caso de ser así se le dará a conocer oportunamente, así como las indicaciones para su sucesor. Se le informa que se tendrá presente su recomendación para Juan Antonio Pauzat Zúñiga. f. 55 [SRE] a Tadeo Ortiz Mex, 27-XI-830 Núm. 10 ..”
J'ai contacté la mairie du village Zúñiga en Navarre, pour avoir d'éventuels renseignements à ce sujet. Certainement que cette recherche nous amènera à aller consulter les archives situées à Pampelune, pour en savoir plus.
À moins, qu'un lecteur de ce blog puisse un jour m'aider à trouver la solution de cette énigme ?

15 janvier 2011

Hypothèse sur les causes du départ de Jean-Baptiste PAUZAT

Rappelons (voir les articles précédents de ce blog des 15 octobre et 08 novembre 2010) que ce dernier, né à Issor en 1770 d’un père laboureur, se retrouve à Bordeaux comme négociant et armateur (en particulier avec le Mexique) et qu’il demanda, alors, d’avoir le droit de porter le nom de PAUZAT-ZUŇIGA.[1]
Avait-il quitté son village natal pour aller vivre quelque temps en Navarre au village de Zuñiga et pour quelles raisons ?


Nous supposons qu’il y eut probablement deux causes fondamentales qui motivèrent son départ de la maison familiale, l’une que nous appellerons traditionnelle et la seconde conjoncturelle.

La première cause est liée à une tradition ancestrale
qui poussait les béarnais à chercher bonne fortune en Espagne.
Citons :
« Le flux de travailleurs béarnais vers  l'Espagne exista depuis la reconquête des terres espagnoles aux Arabes (à laquelle l'armée du vicomte de Béarn prit une grande  part), car les terres reconquises -de population restreinte-  avaient un grand besoin de main-d'oeuvre. Dès lors, ce flux fut ininterrompu, avec une pointe aux XIV° et XV° siècles. 
À cette époque, les Béarnais avaient pris l'habitude d'aller loin en Espagne pour gagner leur pitance; c'est ainsi que dans certains villages, le tiers des hommes partaient Outre-Pyrénées durant 8 à 9 mois de l'année.
Au XVIII° siècle, il est écrit:  " Pendant que des Espagnols viennent ici chercher de l'ouvrage, nos laboureurs viennent en Espagne chercher fortune " . et plus loin, en parlant d'Oloron: " Ces bourgeois ont dans ce royaume des associés, des commis, des fonds; ils font soit par commission, soit pour leur compte, le commerce des laines fines ..., le change de la monnaie espagnole leur vaut un bénéfice considérable ...., dès qu'ils ont amassé dans ce pays-là quelque fortune, ils reviennent dans leur patrie prendre rang parmi les bourgeois, et donner un prix excessif à tous les biens-fonds et surtout aux biens nobles; ceux qui restent en Espagne ne cessent d'envoyer de l'argent; ces colonies béarnaises s'entretiennent par l'attention qu'ont les parents d'envoyer leurs enfants dans ce royaume dès l'âge de 8 ou 9 ans. Une infinité de familles de ce pays s'enrichissent par cette vaine abondance de l'or du Pérou et du Mexique."

La seconde cause est conjoncturelle,
Jean-Baptiste PAUZAT a 19 ans en 1789, au début de la Révolution française et il est le cadet d’une famille de cinq enfants.
Ceci signifie que ces deux faits auront a priori une répercussion sur son avenir.
Citons :

-          Droit d'aînesse et départ des cadets :

« Il existe un fond socioculturel pyrénéen, issu de l’ancien droit Cantabrique, en vigueur depuis l'ère chrétienne dans toutes les Pyrénées. Ce droit pyrénéen, tout à fait spécifique, se fondait sur trois principes, vitaux dans une économie agropastorale :

- Importance de la notion de maison
- Reconnaissance des droits de femme "aînée", sans distinction de sexe
- Conservation du bien familial sans division

Ces fondements ont été appliqués par la coutume montagnarde, avec constance et rigueur jusqu’à la naissance du Code civil en 1804 … 
… la nécessité de conserver l’intégrité du bien familial et la reconnaissance des droits de la femme, sans distinction de sexe, sont prises en compte dans les règles coutumières de succession. Dans toutes les Pyrénées en effet, l’héritage préciputaire[2] bloque tous les biens - et toutes les fonctions sociales - sur la seule personne de l’aîné. Celui-ci, homme ou femme, a exactement les mêmes aptitudes à hériter, diriger, représenter et perpétuer la famille . Les filles aînées qui héritaient de leurs parents devenaient chefs de maison avec les mêmes droits et devoirs que si elles avaient été un garçon. Le chef de famille, l'héritier mâle ou femelle, en compensation des avantages liés à son droit d'aînesse et à la conservation de la propriété familiale, avait la charge d'élever, de nourrir et de subvenir aux besoins des cadets. Leur condition ne dépendait que du caractère de l’aîné et des possibilités économiques de la famille. Quelquefois dédommagé sur la "légitime" prise sur la dot du conjoint, homme ou femme; ou sur les acquêts[3] afin de ne pas entamer la propriété foncière, le cadet avait la possibilité de constituer un pécule lui permettant d'épouser un héritier ou une héritière, de rentrer dans les ordres ou de s'expatrier dans de bonnes conditions. Cependant dans la plupart des cas, le cadet resté sur la propriété et condamné au célibat ne touchait jamais sa part de légitime.
Il fournissait une main-d'œuvre à bon compte et contribuait par son travail à assurer la pérennité de la propriété familiale. Comme on le disait encore au début du siècle dernier, ils devenaient « les domestiques de leurs aînés (e)s ».

-          Refus de la conscription :

Citons :

« Fier et indépendant, ne parlant souvent que le basque, quelquefois lent d'esprit et susceptible, le Basque, malgré son courage et ses qualités guerrières, n'était pas fait pour une existence de caserne. Habitué à vivre en famille et attaché à ses mœurs et coutumes, il ne pouvait accepter la perspective d'avoir à perdre quelques années de son existence pour aller vivre au milieu d'étrangers dont il ne comprenait ni la langue, ni le caractère, ni les traditions. Aussi dés que l'âge de la conscription approchait, son instinct atavique le poussait à émigrer. Avec une meilleure connaissance du français et généralement un caractère plus souple et vif, le Béarnais et le Bigourdan, étaient également entraînés à imiter leur voisin. Il leur était en effet facile de passer en Espagne, comme leurs ancêtres l’avaient fait, au cours des siècles précédents, pour commercer en Navarre ou y trouver refuge ».
 
La Patrie en danger, décret du 11 juillet 1792

Ainsi, probablement, J-B PAUZAT, pour les raisons évoquées ci-dessus (quoique le service militaire ne sera obligatoire qu’en 1791) envisagea très tôt de quitter la maison familiale, sans doute encouragé par ses parents et conforté peut-être par l’expérience de brefs séjours en Navarre au cours de son adolescence[4].
Rappelons aussi qu’au moment de la révolution, les biens du clergé furent nationalisés et que ce dernier était tenu de prêter serment à la Constitution, ce qui provoqua l’émigration de certains de ses membres réfractaires vers l’Espagne catholique. Peut-être aussi (autre supposition), J-B PAUZAT était fort croyant et prêt à suivre ces derniers. Cette hypothèse repose sur le rôle supposé du curé du village d’Issor qui instruisit certainement le jeune J-B PAUZAT, instruction primaire très bonne, puisqu’elle permit à ce dernier de gérer plus tard avec succès sa carrière de négociant et d’armateur.
 
village de Zuñiga en Navarre
Maintenant, il reste à découvrir (et confirmer) pour quelle raison, le jeune J-B PAUZAT alla vivre au village navarrais de Zuñiga et quels évènements l’amenèrent à disposer d’une fortune suffisante pour assumer son nouveau statut en France, la Monarchie y étant revenue dès 1815.

[1] Il décèdera le 03 janvier 1839 à Bordeaux, à 69 ans. Notons qu’on y retrouve la trace de legs de 1000F aux pauvres de la ville (1837-1839)
[2] Préciput : droit reconnu à une personne de prélever, avant tout partage, une somme d’argent ou certains biens de la masse à partager.

[3] Acquêt : bien acquis pendant le mariage
[4] Il y a aussi l’hypothèse que refusant d’être enrôlé en 1792, il s’enfuit en Espagne et revient en France dès la Restauration en 1815.