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29 septembre 2011

Survivance du surnom ou coutume ancestrale en voie de disparition ?

Dans l’un des premiers articles de ce blog, j’envisageais une hypothèse sur la naissance de notre patronyme, héritage du surnom donné à l’un de nos ancêtres[1].
Ce surnom, devenu nom de la famille, fut officialisé par l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, et notre patronyme actuel en est l’héritage, conservé ou modifié au cours des transcriptions intervenues jusqu’à nos jours.
La découverte d’un manuscrit catalan[2] faisant le point dans les années 1940 des surnoms (350) donnés aux habitants d’un même village (Castello d’Empuries, en Ampurdan-Catalogne Sud), m’a permis de mettre en lumière ce qui a pu se produire de façon systématique en Occitanie depuis le Moyen-âge.  
Il faut d’abord indiquer que les surnoms de ce village catalan sont encore en vigueur, en sus du patronyme officiel, mais cette coutume est en voie de disparition car les générations nouvelles les ignorent. Seuls les « anciens » les utilisent encore entre eux.
IL ne s’agit donc pas du premier processus enclenché vers le 11e siècle[3], mais d’un autre similaire qui s’est ajouté au précédent, simplement représentatif d’une constante dans les relations humaines consistant à affubler quelqu’un d’un surnom ou encore d’un sobriquet, donc à caractère péjoratif, et que l’on retrouve encore aujourd’hui, par exemple, pour certaines personnalités ou pour des professeurs dans les établissements scolaires (je me souviens du surnom « biquette » donné dans mon école à l’un de ses responsables parce qu’il portait un bouc) .

Ainsi, on trouve dans ce document (en catalan), entre autres, les surnoms ci-dessous. On y remarque des noms de métiers, d’animaux et .. des « traits de caractère ». Il faut noter que ce surnom (comme par le passé) désignait la « maison », celle qui regroupait, de génération en génération, la famille. On disait : « chez untel », c’est-à-dire « can untel » en catalan, « etche untel »l en basque, etc .  :
-          Divendres : Vendredi, surnom donné au grand-père de mon épouse, parce que l’un de ses ancêtres attendait le vendredi de certaines phases de la lune pour planter dans son potager.
-          la Catrina Grassa : la grosse Catherine
-          la Xica Patatas : la petite patate
-          Mico : singe
-          Poca-roba : peu habillé
-          Bonminyó : mignon, « le bon Dieu sans confession »
-          Cama bruta : jambe salle
-          Titella : marionnette
-          Cul de ferro : cul en fer
-          Frare : frère (religieux)
-          Canari : canari (oiseau)
-          Misses : messes
-          Rossinyol : rossignol (oiseau), surnom donné à un musicien
-          Girrarocs : qui fait rouler des cailloux
-          Esclopeter : sabotier
-          Gabatx : nom péjoratif désignant un français

Par comparaison, avec les surnoms donnés à des PAUZAT, que j’ai relevé dans mes recherches, on trouve (à l’exclusion des surnoms consistant à ajouter au nom de famille, celui de l’épouse pour différencier les individus ayant le même prénom) :
 
      -     Pauzat dit l’Orgueilleux (individu ayant vécu à Limoges, rue Ferrerie, voir ci-dessus)
-          Pauzat dit Béluquet, sans doute venant de beluguet : sémillant, pétillant
-          Pauzat dit Rey, qui ne fut en aucun cas roi de …
-          Pauzat dit le Renard
-          Pauzat dit Pétugon : ?
-          Pauzat dit la Tour Serviat
-          Pauzat dit Chinette : ?
-          Pauzat dit Coupiat : ?
-          Pauzat dit Couchés : ?
-          Pauzat dit Penillou : ?
On peut donc faire l’hypothèse que notre patronyme fut le premier surnom donné à nos ancêtres, et si aujourd’hui, on n’en trouve en majorité que de très policés, c’est que l’ordonnance de Villers-Cotterêts, avant de les officialiser, limita naturellement le nombre de ceux qui étaient des sobriquets, par trop injurieux ou caricaturaux.
Par la suite, la nature humaine reprenant ses droits, le premier surnom devenu banal, on en inventa de nouveaux s’ajoutant au premier.
Aujourd’hui, la dispersion géographique des familles fait progressivement disparaître cette coutume, celle-ci devenant marginale et éphémère.
Mais internet est-il là pour lui redonner une seconde vie, dans les blogs, Facebook, .. où l’on voit les surnoms que les individus se donnent eux-mêmes pour converser sur la toile ?

[1] Dès l'époque romaine, l'identité du citoyen comprenait, en plus du nom et du prénom, un surnom : le cognomen. Après la christianisation qui ne gardait que les noms de baptême, une trop grande fréquence d'homonymes contraint les autorités dès le 11e siècle à adopter des surnoms, d'abord germaniques, puis français. Au 13e siècle, ces surnoms, choisis en fonction d'un caractère moral, physique ou géographique, tendent à devenir héréditaires. C'est ainsi que le nom de famille fut créé et stabilisé dès le 15e siècle.
[2] L’Auca de Castelló per Joan Puig i Dalmau
[3] Voir sur ce blog, l’article de septembre 2010

28 septembre 2011

Nouvelle brève concernant PAUZAT-ZÚŇIGA

Un appel téléphonique de ce jour, au diocèse de Pampelune en Espagne, nous apprend que notre ancêtre béarnais n’est probablement pas venu émigrer à Zuniga en Navarre.
Grâce à l’amabilité du responsable des archives qui a fait les recherches en ce sens, n’ayant rien trouvé, nous savons que celles-ci doivent s’orienter vers le village de Zuniga à proximité de Murcie au sud de l’Espagne.
Cette hypothèse semblait a priori improbable, mais depuis, ayant appris que de nombreux béarnais venaient dans le sud de ce pays pour y trouver du travail, ceci semble plus réaliste. Nos ancêtres n’hésitaient pas à faire de long voyage … à pied pour exercer un métier dans ces régions en manque de main-d'œuvre, même provisoirement, en faisant des allers-retours!
D’autre part, le port de Cartagena était un port important axé vers le Nouveau Monde et donc vers le Mexique où plus tard Pauzat Zùñiga exercera un commerce florissant depuis Bordeaux.


20 septembre 2011

Les notaires en France sous l’Ancien Régime

En prévision de la diffusion prochaine sur ce blog, de testaments concernant nos ancêtres béarnais, il me semble judicieux de commencer par cet article, résumant le rôle du notaire sous l’Ancien Régime et plus particulièrement comment et pourquoi les testaments étaient presque toujours établis, même parmi la frange la plus pauvre de la population[1].

Le notaire sous l’Ancien Régime
À une époque où une infime minorité de la population sait lire et écrire, on ne devient pas notaire par hasard. Il faut être issu d’un milieu aisé, avoir reçu une éducation largement supérieure à la moyenne, être de mœurs irréprochables, et enfin acheter la charge de notaire pour avoir le droit d’exercer dans un village.
On distingue principalement 3 types de notaires sous l’Ancien Régime :
-          Le notaire apostolique : établi par l’Église, il consignait les actes ayant trait aux matières spirituelles et ecclésiastiques.
-          Le notaire seigneurial : commis par un seigneur, il exerce dans les limites de la justice de la seigneurie. Ainsi, seules les seigneuries ayant droit de haute justice peuvent disposer d’un notaire.
-          Le notaire royal : c’est le plus courant et celui dont il sera question par la suite. Il est nommé par le roi, via des lettres de provision d’office, pour exercer dans un village déterminé. Néanmoins, n’importe quel habitant d’un village plus ou moins voisin peut faire appel à lui et il officie donc en pratique dans un rayon assez large autour de son village. Il reçoit les divers actes de la vie quotidienne : baux à ferme, transactions, achats, quittances, obligations, procurations, testaments, contrats de mariage…

De par son rôle, il est omniprésent dans la vie de la communauté, puisqu’il consigne tous les actes qui rythment le quotidien des foyers. Loin d’être un simple scribe, il est le référent vers lequel on se tourne pour régler les affaires courantes. Il établissait l’acte original, écrit en petite écriture et de ce fait appelé « minute », différent de la copie remise aux parties et nommée « expédition »[2].  
La plupart du temps, le futur notaire commence sa « carrière » en tant qu’écolier et on a parfois la chance de le voir signer en tant que tel sur certains actes. Il poursuivra parfois ses études jusqu’à devenir bachelier ès droits, voire docteur ès droits. Il est souvent praticien au début, généralement au service de son père. Un praticien était autrefois un clerc de notaire. Ensuite, à la mort de son père, il lui succède la plupart du temps, après avoir racheté l’office de notaire. Il peut également embrasser la carrière en succédant à un notaire des environs après avoir payé de la même façon les droits d’exercice.
Pour devenir notaire sous l’Ancien Régime, il était nécessaire de remplir un certain nombre de critères :
-          Être un homme
-          Être un enfant légitime
-          Savoir, bien évidemment, lire et écrire en français[3] et avoir fait de longues études
-          Être de mœurs irréprochables
-          Être de religion catholique, apostolique et romaine
-          Être âgé de plus de 25 ans (on pouvait passer outre cette condition via l’obtention d’une dispense)


Dans la pratique de son exercice, Il faisait peu d'actes à domicile. Dans ce cas, il recevait dans la pièce à tout faire de sa maison, appelée « salle basse ou chambre basse » ; itinérant, il se rendait dans les différents hameaux du village qui était de son ressort et des villages environnants. Il est donc toujours à cheval ou sur une mule, avec son papier, sa plume et son encrier et rédige l’acte sur place. De plus, les habitants étant très pauvres, il était quelquefois payé en nature.
Les témoins ne savent pas toujours signer, mais lorsqu’il y a dépôt d’argent liquide pour une transaction, ils savent compter, car les Français savent davantage compter qu’écrire. Heureusement, dans les petites paroisses, le prête, puisqu’il sait lire et compter, est souvent l’un des témoins.
Notons que Pierre Auxence PAUZAT fut notaire à Aratmis de 1866 à 1885.

Le testament
Sous l’Ancien Régime, très peu de nos ancêtres sont morts « ab intestat »[4], sauf ceux décédés de mort brutale ou prématurée, ou encore ceux ayant réglé leur succession par donation lors du mariage d’un de leurs enfants. Même les mendiants testaient : « je lègue le peu d’argent que m’a donné la Divine Providence à ma sœur, mendiante également .. ».
Nos ancêtres testaient lorsqu’ils étaient malades ou vieux (« vu mon âge avancé 48 ans .. », il faut tenir compte de l’espérance de vie à l’époque), ou avant d’entreprendre des déplacements (guerre, pèlerinage, voyage, ..).
Ils le faisaient parce que très religieux, étant préoccupés par le repos de leurs âmes. Ils voulaient transmettre leur patrimoine pour éviter les différents entre leurs successeurs après leur mort et choisir l’héritier universel le plus apte à faire valoir leurs biens.
Tous les testaments sont rédigés selon le même modèle :
- date, heure et lieu
- état mental du testeur bon, donc apte à tester
- legs religieux sous forme de : messes, dons à l’église, chapelles et couvents, aux confréries, etc.
- cérémonie des funérailles et inhumation
- inhumation
- legs particuliers qui ne devaient pas dépasser les 3/4 de l'actif successoral
- à la conjointe survivante, fruit et usufruit des biens sous réserve de non-remariage, restitution de sa dot et prévoyait alors, dans le détail, une pension alimentaire
- aux filles mariées dont le nom du mari était toujours mentionné, une très petite somme en plus de la dot
- aux filles nubiles leur dot  future .
- aux fils qui ne seraient pas héritiers universels.
- héritier universel: en général. le droit d'aînesse était appliqué. Il pouvait y en avoir plusieurs, même des filles.
- énumération des témoins et leur signature (ou une croix s'ils sont analphabètes).

François 1er en rendant obligatoire la rédaction des actes en français et leur conservation assurée, et leur existence consignée dans un répertoire, rendit possible la survivance de ce patrimoine ancestral. Ainsi, aujourd’hui, nous pouvons en consulter les pièces, complémentaires des informations que les actes civils de l’époque nous fournissent.
Ainsi, nous verrons dans un prochain article que Jean PAUZAT d’Issor, grand-père de Jean-Baptiste PAUZAT ZUŇIGA[5], lui légua en 1781 la somme de soixante-quinze livres dans son testament. Seul Jean-Baptiste, parmi ses autres cousins, jouit de cette faveur. Est-ce ici le point de départ d’une vie, hors du commun, pour ce cadet d’une famille de cinq enfants, qui allait s’expatrier ? Son grand-père était-il au courant du projet de vie de son petit-fils, âgé alors de 11 ans ? Cela semble improbable, mais … ?


[5] Voir les articles qui lui sont consacrés dans ce blog


[4] Du latin ab intestato,  sans qu’il ait été fait de testament.

[2] Ces notes étaient confiées autrefois au tabellion, aussi nommé « garde-notes », du fait qu’il était chargé de conserver les actes.
3] La langue française est obligatoire depuis 1539 (Villers-Cotterêts) et le contrôle des actes depuis 1693.

[1] Cet article emprunte l’essentiel de son contenu des sites : www.quercy.net (Tony NEULAT)  et www.agam-06.org