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16 mars 2012

Les lieux-dits portant le nom de notre patronyme

Faisons aujourd’hui un peu d’onomastique[1] et abordons les lieux-dits dont le toponyme est le même que celui de notre patronyme[2] et tentons de savoir s’il existe une corrélation entre eux et, si oui, laquelle.

Un lieu-dit se définit « comme un endroit de faible étendue dont le toponyme est issu du nom de l’un de ses anciens habitants, d’une particularité propre à sa géographie, de son histoire locale ou d’un ancien village ».
Nous voyons ainsi que le premier critère est déjà un indice montrant qu’il est possible qu’existe un lien entre ces « lieux-dits Pauzat » et nos ancêtres. Mais si oui, est-ce toujours le cas ?
 Si l’on se réfère à l’époque où ces lieux-dits furent identifiés, souvenons-nous que leurs orthographes étaient souvent le reflet de leur écriture phonique. Citons : « S’agissant des lieux-dits, l'orthographe de ces noms paraîtrait vaine, puisque chaque curé, chaque maire, chaque secrétaire de mairie, a adopté sa propre version, qu'il modifiait éventuellement d'un acte à l'autre. Beaucoup de ces noms sont aussi des patronymes d'habitants de la commune, qui n'habitent d'ailleurs plus dans le hameau correspondant. »
Ce point est important, comme on le verra plus tard, car il ouvre cette recherche à des noms de lieu-dit dont l’orthographe n’est pas exactement celle de notre patronyme d’origine. Dans l’article  « Les Pouzat sont-ils des Pauzat qui s'ignorent ? » en mars 2011, nous avions fait la preuve que certains Pouzat de l’Yonne étaient en fait, à l’origine, des Pauzat[3]. 
Examinons maintenant les lieux-dits « Pauzat » recensés aujourd’hui :

1er cas : lieu-dit Pauzat, à Issor en Béarn
Son écriture ne comporte pas d’article (ex : Le Pauzat) et est très proche d’un autre lieu-dit ayant pour toponyme le nom d’une famille ayant des liens étroits avec les Pauzat du lieu, les Camgros.
On devine donc que ce toponyme n’est autre que le nom porté par des Pauzat qui vivaient à cet endroit. Il y existe d’ailleurs encore une ferme.

2ème cas : lieu-dit Pauzat en Puy-de-Dôme
Cet endroit se situe a priori près de la commune de Escoutoux, environ 30km à l’est de Clermont-Ferrand où « CALMARD Benoît, ex curé, domicilié à Pauzat[4], département du Puy-de-Dôme, fut  condamné à mort et envoyé à l’échafaud comme réfractaire, le 28 nivôse an 2 (17 janvier 1794), par le tribunal criminel dudit département. »
 Situation du lieu-dit Pauzat à proximité de la commune d’Escoutoux et sur la carte de Cassini avec son écriture phonique Posa relevée à l’époque.

3ème cas : lieu-dit Pauzat à Vieillevie en Cantal
Cette fois-ci, le contexte est différent, ce lieu-dit s'appelle « La Grange du Pauzat ».
Il s’agit « d’un endroit isolé, sur une colline dominant le Lot, sans trace d’habitation ou de four à pain autour de cette grange (cadastre en 1830), ce qui est très rare dans le coin » tel qu’en témoigne la nouvelle propriétaire de ce terrain qui en a fait son lieu d’habitation et une chèvrerie toute neuve, son mari y ayant installé à côté un atelier de lithographie.
 
Ainsi, au moment où les US et le Canada commencent à produire leurs propres fromages au lait cru, il est intéressant de voir qu’en France, notre nom participe à la sauvegarde de notre patrimoine gastronomique.
Notons qu’auparavant, cet endroit devait être un lieu de repos (la pause) pour les animaux en estive.

Il existe aussi en Provence des terres qualifiées Pauzat, l’inventaire des possédants bien à Château Gombert[5] en 1595 nous en donne un exemple :
- Honnorade BLANC               possède à Font Cuberte :                  Issard pauzat
- Anthoine JULLIEN                possède aux Prats :                            prêt pauzat
- Jean SARDOU dit Marrou     possède à Beaume Laugière :            Issard pauzat
Le document de l’IGN sur le glossaire des noms de lieux en France nous indique que 
-          Issart (essart, eyssart) signifie entre autres, terrain en friche, terrain vague, espace gazonné.
-          Quant au mot prêt, il s’agit certainement du mot pré, terrain où l’on conduisait les vaches.
Ceci étant dit, nous voyons que le qualificatif pauzat, commun à ces terres, doit certainement indiquer que celles-ci étaient des pâturages en été.
Le point commun à ces lieux-dits est qu’on y trouve aucune habitation destinée à héberger des familles. Leur nom est donc lié à l’usage qui en est fait et non à celui du propriétaire du site.

En conclusion, nous constatons qu’il n’existe que quelques lieux-dits « Pauzat » recensés à ce jour, mais que l’on peut partager en deux catégories : celle se référant au nom de la personne qui y a habité et celle qualifiant l’usage qui en est fait.
Il est aussi significatif de noter que les premiers sont situés dans des lieux coïncidant avec les berceaux « Pauzat » déjà connus et que les seconds se situent en dehors de ces derniers. Ceci met bien en évidence la distinction entre le surnom donné à un individu et celui donné à un lieu en fonction de son usage, à partir de la même appellation occitane.
Par ailleurs, il aurait été intéressant  de parler aussi des lieux-dits portant un toponyme dont l’orthographe est voisine (Pouzat, etc..)[6]. Mais, devant le nombre important recensé pour ces derniers (plus de trente seulement pour les lieux-dits « Pouzat ») et les questions que ceci soulève : (pourquoi sont-ils plus nombreux que ceux portant notre patronyme ? sont-ils des toponymes dont l’orthographe est dérivée de Pauzat, ou non ? et si c’est le cas pour certains, lesquels ?), ce sujet est reporté à plus tard et seulement, s’il sera possible d’en trouver l’explication ou de proposer des hypothèses plausibles.
Exemples :
Ardèche, plateau près du bord du Pouzat et Quercy, La combe du Pouzat

[1] Cette science étudie l'histoire et l'étymologie des noms propres. Elle se divise en deux branches : l'anthroponymie, consacrée aux noms de personnes (anthroponymes), et
la toponymie, consacrée aux noms de lieux (toponymes).
[2] L’existence et la répartition de notre patronyme en Occitanie depuis les 11/12ème siècles a fait l’objet du premier article de ce blog, en 2010.
[3] Ceci s’explique encore aujourd’hui en Catalogne sud, où mon nom se prononce PAOUZAT. Son écriture phonétique POUZAT serait donc encore potentiellement envisageable si le contexte social était le même.
[4] Il existe aussi la référence à la commune de Plauzat (environ 20km au sud de Clermont-Ferrand) comme lieu de cette exécution, durant la Révolution française.
[5] A partir de 1595, année du rattachement de Château Gombert au terroir de Marseille, plusieurs inventaires de possédants biens ont été effectués. Ces derniers, réalisés pour servir de base au calcul de l’imposition, donnent la cartographie du paysage du village et de ses environs.