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18 novembre 2012

Chronique des Pausat de l'Entre-deux-Mers (suite 1/2)

Quoique non prévue, le hasard de la découverte récente d’un Pausat mort en 1753 à Esnandes[1], suite au naufrage de son bateau, nous donne l’occasion d’écrire une suite à l’article précédent concernant les Pausat de l’Entre-deux-Mers.
Esnandes : situation géographique et vue de son église et du cimetière
Il s’agit de « Bideau Pausat », tel que son nom est cité dans l’acte de décès, mais écrit « Bideau Posat » en marge gauche de ce dernier (voir ci-dessous).
acte de décès de Bideau Pausat,  le 5 avril 1753 à Esnandes
Son origine serait difficile à identifier sans l’information des noms de ses parents, qui heureusement, apparaissent dans l’acte : il s’agit de Guillaume Pausat (n°617) et de sa femme Laurence de la Tomberie (n°618). Ceci permet de savoir, qu'en fait, il est originaire du berceau de Guyenne et qu’il est l’un des 10 enfants de ce couple. Son père est cité dans l’article précédent comme étant né en 1704, exerçant le métier de maître de bateau et habitant Vayres.
L’acte indique que Bideau est décédé suite à un naufrage, le 5 avril 1953. On peut envisager que son bateau a sans doute dû se fracasser sur les falaises situées au nord d’Esnandes.

vue du port d'Esnandes et des falaises
Les naufrages à cet endroit étaient assez fréquents et parmi ceux-ci, nous pouvons relever celui d’un personnage devenu mythique, l’irlandais Patrice Walton, qui lui a survécu, et dont la légende dit qu’il a inventé le « bouchot » (support d’élevage des moules, consistant en des pieux en chêne ou châtaignier enfoncés dans les sédiments et le sable et disposés en alignements sur des zones qui se découvrent à marée basse), citons :
« En 1235, une barque irlandaise, chargée de bêtes à laine, vint, à la suite d’une tempête, se briser sur les rochers à demi-lieue d’Esnandes, et les marins de ce port, accourus au secours des naufragés, ne purent sauver que le patron. Celui-ci, nommé Walton, ne tarda pas à payer largement ce service. Il croisa quelques moutons échappés au naufrage avec des bêtes du pays, et créa ainsi une belle race, très estimée encore aujourd’hui sous le nom de moutons du Marais.
Puis, en cherchant à se nourrir en attrapant des oiseaux de mer au moyen de piquets et de filets, Il aurait constaté que les moules se fixaient et grossissaient rapidement sur ses piquets ».

En revenant sur le contenu de l’acte de décès de Bideau, son examen nous amène à faire quelques constatations :
- Tout d’abord, la présence du père à l’inhumation de son fils implique qu'il a été prévenu à temps du décès de ce dernier et qu’il a pu s'y rendre au plus tôt. À l’époque, les moyens de communication étant limités, on peut s’interroger comment il a pu faire ce déplacement aussi rapidement entre Vayres et Esnandes, distants d’environ 180 km.
- Le métier de marin des Pausat de l’Entre-deux-Mers s’était limité, selon les informations recueillies à ce jour, à naviguer sur la Dordogne et sans doute dans l’estuaire de la Gironde. Maintenant, nous savons que certains Pausat s’engagèrent aussi sur des navires navigant en mer, soit pour la pêche, soit pour le transport de marchandises.
- Une fois de plus, nous constatons combien la conformité de l’écriture de notre patronyme est sujette à caution. Sur cet acte trouvé à partir d’une recherche d’un Pouzat, nous constatons deux écritures différentes, d’une part l’écriture « Posat », d’autre part celle de « Pausat ». C’est cette dernière qui est la bonne, confirmée par l’énoncé des noms des parents.
- Enfin, le prénom indiqué, Bideau, ne correspond certainement pas à celui de son baptême. Il s’agit sans doute d’un sobriquet ou du nom de sa femme, les familles portant ce patronyme étant relativement nombreuses en Bretagne, Allier et Loire Atlantique.
Par contre, des 6 garçons connus, fils de Guillaume, nés entre 1727 et 1746, nous ne pouvons retenir que ceux nés avant 1735 (âgé de 18 ans minimum en 1753). Suivant ce critère[2], il ne reste que Jean (n°2077) né en 1727, et Jean (n°1427) né en 1735. Le premier étant décédé à l’âge de 5 mois, il ne resterait que le second. Le prénom du naufragé serait donc Jean.

En guise de conclusion, tout en restant dans le cadre des naufrages survenus dans cette région, terminons par une anecdote véridique et savoureuse sur le sort fait par la population locale aux chargements des navires naufragés. Citons :
« Au cours d’un autre naufrage d’un navire drossé à la côte en sortant de la Gironde, la cargaison de vin de Bordeaux est consommée sur place par l’ensemble de la population, tant le transport des tonneaux vers le village à travers les dunes s’était révélé impossible.
Pourtant l’interdiction de piller les navires en perdition est bien connue et les sanctions sévères : pour les détournements et recels de marchandises pillées, la restitution au quadruple de leur valeur, l’emprisonnement ou la condamnation aux galères et le bannissement ».



[1] Esnandes est une commune de la Charente-Maritime située à environ une douzaine de km au nord de La Rochelle, en bord de mer. Solidement planté sur la falaise du littoral charentais, ce petit port domine l’entrée de la baie de l’Aiguillon.
[2] Il y aurait aussi la possibilité qu’il s’agisse du fils Vital (n°622), né en 1738, qui aurait eu alors 15 ans au moment du naufrage.