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30 janvier 2013

les Pauzat douaniers

Les informations contenues dans les archives des douanes nous permettent aujourd’hui de connaître un peu mieux nos ancêtres douaniers. 
Sans doute la proximité d’une frontière, dans ce cas avec l’Espagne, fait que la majorité de ces derniers recensés à ce jour et portant notre patronyme sont natifs de la vallée de Barétous en Béarn et plus particulièrement d’Issor et d’Arette. 
C’est ainsi qu’ils partirent travailler au Pays basque voisin, comme ce fut le cas de mon aïeul Étienne PAUZAT (n°8) dont je prendrai le parcours professionnel comme fil conducteur de cet article. 

Mais auparavant, rappelons succinctement que « la douane ne sera considérée comme une institution publique qu’à  la Révolution française. À partir de 1815, l'installation durable du protectionnisme assure à la douane une place de premier plan dans l'appareil d'État.
Les agents des brigades, de loin les plus nombreux, sont organisés militairement. Armés, souvent casernés, ils portent l'uniforme. La discipline, très stricte, régit même certains actes de leur vie privée : mariage, déplacements, etc. Leurs conditions de travail sont dures et leurs rétributions assez faibles. Les brigades comptent dans leurs rangs beaucoup d'anciens militaires et de parents de douaniers ».
fouille des pacotilleuses[1]             douaniers en embuscade 

Examinons maintenant la carrière de mon aïeul, douanier au Pays basque. 
Étienne PAUZAT, né à Arette en 1860 au moulin Vigneau, est le septième d’une famille de 13/14 enfants[2]. Adolescent, il est tailleur de pierres, puis en novembre 1881, il part faire son service militaire. Il est incorporé au 78e Régiment de ligne, d’abord soldat de 1ère classe, puis caporal en 1882, il est sergent en 1884, enfin il quitte l’armée en septembre 1885. 
Son signalement est le suivant :
- cheveux et sourcils blonds, yeux bleus et fossette[3],
- taille : 1,55m, nez gros, bouche grande, front découvert, visage rond 

À la fin de son service militaire, peut-être recommandé par le mari de Marie-Thérèse PAUZAT, officier des douanes (voir plus bas), il est candidat pour être douanier. Il passera un examen médical où on constatera que : « le candidat est d’une bonne constitution et apte à supporter les fatigues du métier ». 
Cependant, il échouera à cette première tentative, pour motif : « pas assez lettré », sans doute au cours d’une dictée baptisée : « Spécimen d’écriture du postulat Pauzat » révélant ses lacunes en orthographe. Après cet échec, il suit des leçons particulières pour « perfectionner son instruction » et demande la permission de repasser cette épreuve, ce qu’on lui accordera, car ayant a priori réussi, le 1er avril 1887, il devient préposé des douanes à St-Jean-de-Luz, son traitement (annuel) sera de 900 francs[4]
- En 1888, il est en poste à Louhossoa[5] et se marie avec Anne HALET, couturière à Biarritz, fille d’un préposé des douanes à la retraite (tous les témoins qui signent l’acte de mariage, sauf un jardinier, sont douaniers). Auparavant, il a exposé une demande d’autorisation de se marier à ses supérieurs, en fournissant un certificat de moralité de la future.
- En 1889, il est noté : « sert et se conduit bien, belle représentation, a besoin d’apprendre le service en campagne ».
- Au mois d’avril 1890, il est toujours à Louhossoa où naîtra sa première fille Marie Joséphine.
En novembre 1890, il exerce à la gare d’Hendaye. Il est jugé ainsi : « préposé soumis et exact, belle tenue, belle représentation, ancien sergent »
- Le 6 janvier 1891, il fait une chute sur la voie en pleine nuit (noire), « aveuglé par le reflet des lanternes situées sur le quai, il heurte le tampon d’un wagon. Il est resté quelque temps sans pouvoir recouvrer ses esprits, mais a ensuite repris son service jusqu’à 09h du matin ».
- En 1892, toujours en poste à la gare d’Hendaye, il est noté : « assez bon agent, un peu mou, bonne conduite, peu d’instruction », son traitement est alors de 950 francs[6].
C’est cette année et dans cette ville que naîtra son fils Jean, mon grand-père.
- En juin 1893, il est puni « d’un avertissement », pour « avoir été vu par le capitaine vers 11h du matin, traverser les voies de garage, étant en tenue, et porteur d’un fagot de bois pour le compte d’une personne étrangère à l’administration ». En fait, ce fagot « composé d’une vingtaine de piquets pour les tomates », appartenait à un chauffeur voisin qui l’avait laissé près d’un aiguillage, et la manœuvre avait pour objet de déplacer ce fagot en dehors des voies, selon les déclarations d’Étienne.
- Le 1er août 1894, il est nommé de nouveau à Louhossoa où il restera jusqu’à la fin de 1899. Les commentaires de sa hiérarchie à son sujet sont quelque peu mitigés : « assez bon agent, un peu mou et peu discret, boit quelque peu – tenue passable, a besoin d’être suivi de près ». Heureusement, ce jugement sera beaucoup plus favorable en 1895, où les louanges qui lui seront accordées justifieront qu’il soit proposé 1ère classe !
Sa seconde fille Pascaline naîtra à Louhossoa en octobre 1895.
Un an plus tard, son traitement est de 1050 francs. 
- En juin 1899, il est récompensé par un « témoignage de satisfaction » pour : « son attitude énergique qui a contribué à l’arrestation de 4 malfaiteurs »
- En avril 1900 il est toujours préposé des douanes et est nommé en poste à Biarritz où il restera jusqu’en 1908, son traitement passera alors de 1100 francs à 1200 francs
- En juin 1905, il est récompensé par un « triple encouragement » pour : « au retour d’une embarcation qui venait de conduire un pilote à bord d’un paquebot, a visité le sac d’un matelot et y a saisi 95 paquets (4 kilos) de tabac français d’exportation ».
- En juillet 1907, il contracte une « maladie » durant son service, en l’occurrence « une congestion ayant causé un état syncopal d’une durée de cinq heures environ, celui-ci ayant été provoqué par la fraîcheur de la nuit ». En fait, il devait « s’embusquer » du côté du port vieux à Biarritz de 11h du soir à 3h30’ du matin par « un temps clair et chaud » et vers 01h, le vent ayant tourné au nord, le temps est devenu brumeux et frais, ce qui a provoqué d’abord des maux de tête, les jambes chancelantes, puis le malaise précité
 ».
- En janvier 1909, il est récompensé par « un encouragement », pour : « s’être empressé de déclarer au bureau de police de sa résidence qu’il avait trouvé sur la voie publique une petite montre en or »
- En octobre 1909, il prend sa retraite à l’âge de 49 ans, après 22 ans et 6 mois de service.

Pour information, j’ignore le lieu et la date de son décès. Cependant, une photo le montrant chez lui avec sa femme et ses trois enfants devenus adultes, laisse supposer qu’il a passé en partie sa retraite à Biarritz ou peut-être Bidart. 

Pour terminer, voici quelques PAUZAT (tous du Béarn, à l’exception du dernier) ayant un lien direct ou indirect avec le métier de douanier :
- Catherine PAUSAT (n°201), née à Arette en 1800, mariée en 1823 à Jean BARROUILLET-BERGÉ (labour, militaire retraité), a un fils Vincent-Thomas en 1834 qui sera douanier sous-brigadier[7]
- Marie-Thérèse Amélie PAUZAT (n°244), née à Issor en 1848, se marie avec Charles MOISSON, officier des douanes (Capitaine).
- Grat PAUZAT (n°339), né en 1873 à Arette, marié avec Marie HOURCATTE (couturière) est préposé des douanes à Dunkerque de 1898 à 1901, à Bayonne en 1905, résidant à Urdos en 1901 et 1905, il prendra sa retraite à Licq Atherey à partir de 1927 ou 1929.
- Jean-Pierre PAUZAT (n°233), né en 1884 à Arette (cheveux blonds et yeux gris), cultivateur puis douanier, préposé à Dunkerque en 1909, Issassou en 1912/13, Hendaye (gare) de 1919 à 1929, il habite Cambo en 1928. En 1919, il se retire à Arette
- Jean-Louis PAUZAT (n°31), né en 1886 à Arette (yeux gris foncé) maçon, recruté à Pau en 1907, classé affecté spécial des Douanes comme préposé douanier à Villerput (54), mobilisé durant la guerre 14/18, caporal 13e Cie du 289e régiment d'infanterie, il décédera le 02/06/1918 à Pierrefonds à l’âge de 32 ans, dans l'ambulance des suites de ses blessures de guerre – il figure sur les monuments aux morts de Lanne en Barétous (64) et d'Arette.
- Noël PAUZAT (n°37), né en 1895 à Arette, maçon en 1915, Sous-brigadier des douanes à Urrugne en 1923, Cambo en 1928, Bordeaux en 1936
- Eugène PAUZAT (n°873), né en 1895 à Ladignac-le-Long, Agent des douanes, a résidé à Villiers-sur-Marne (94350) et à Ladignac-le-Long. C’est le seul qui ne soit pas du berceau béarnais.

[1] Pacotilles : Assortiment de marchandises diverses destinées au troc en pays lointains
[2] Son père Ambroise PAUZAT, est garde champêtre du même village, pensionné militaire, suite à une blessure et à des infirmités graves, ce qui ne l’a pas empêché d’avoir (paraît-il) 13/14 enfants, dont seulement 9 sont identifiés à ce jour, mais il semblerait que certains ne furent pas déclarés à la naissance !!
[3] Traits physiques que l’on retrouvera plus ou moins dans tout l’arbre généalogique de la branche « LAGRAVE »
[4] Quelques salaires moyens en 1890 dans le département de la Seine :
Cochers, conducteurs d'omnibus, camionneurs : 5,75 francs par jour pour 16 heures de travail (soit 18,42 euros, valeur 01/01/2002).
Employés de bazars : 5 francs par jour pour 15 à 17 heures de travail, selon la saison et les exigences de la vente.
Garçons de café et de restaurants : ne sont pas payés et vivent seulement de leurs pourboires, ils travaillent 16 heures par jour de huit heures à minuit.
Aiguilleurs des chemins de fer : 900 à 1000 francs par an pour 15 à 16 heures de travail par jour.
Ouvriers de l'industrie privée : 4,85 francs par jour (soit 15,54 euros, valeur 01/01/2002).
Ouvrières de l'industrie privée : 2,46 francs par jour.
Facteurs : 600 francs par an pour des tournées à pied de 28 kilomètres en moyenne (40 km pour certains) auxquels s'ajoutent un vêtement et deux paires de chaussures.
Chemisières, lingères et couturières : 2 francs par jour.
Femmes de ménage : 1,50 franc par jour.
[5] Louhossoa fait partie de la province basque du Labourd, proche de la frontière espagnole (10 km) et à une demi-heure par la route de la côte basque.
[6] Le dossier d’Étienne PAUZAT contient des documents manuscrits de ses supérieurs, montrant qu’ils faisaient intervenir le préfet et/ou le député pour « faciliter » la promotion de leur candidat.
[7] L’équivalent dans l’armée au grade de caporal, le brigadier étant à celui de sous-officier