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5 novembre 2015

La tombe de St-Jean-de-Luz

En ce début du mois de novembre, alors que de nombreuses familles se recueillent sur les tombes de leurs défunts, penchons-nous sur celle de Gabriel PAUZAT, située à St-Jean-de-Luz au cimetière de St-Joseph.

Sur sa stèle est gravée une épitaphe dédiée à son fils[1], tel que le précise la plaque funéraire déposée à ses pieds.
"Né sur terre comme un ange, 
la guerre et l'exode, peine immense, 
nous laissa que ses cendres" 
Ce texte laisse deviner que la perte de cet enfant est un drame familial qui s’est déroulé dans un contexte houleux de notre histoire, une guerre et un exode, circonstances dramatiques entourant son décès.


Sous l’épitaphe précitée se trouve le nom de l’enfant, les dates et lieux de naissance et de décès.
Claude PAUZAT 
2-12-39 Paris 
2-7-40 Bordeaux 
Qui est cet enfant dont nous découvrons le visage dans un médaillon placé sur la stèle ? Qui sont ses parents dont les inscriptions sur cette tombe sont la seule source d’informations que nous ayons à ce jour ?
Celles-ci citées sur cette sépulture révèlent qu’il s’agit d’un couple :
- Gabriel PAUZAT né en 1899 et décédé en 1995, sans précision de lieux, marié à
- Maria de la Concepción PEREZ, sans doute de nationalité ou d’origine espagnole, née en 1907 et décédée en 2003, elle aussi sans précision de lieux.
En 1939, soit déjà résidant en France et fuyant les troupes allemandes, soit fuyant peut-être la dictature franquiste, cette dernière, à l’âge de 32 ans, accouche le 2 décembre à Paris d’un fils dénommé Claude. Quelques mois plus tard, ayant quitté la capitale française pour le sud-ouest, son fils est déclaré décédé à Bordeaux le 2 juillet 1940.

Rappelons le contexte de cette période troublée de notre histoire :
- La guerre civile en Espagne se termine le 1er avril 1939, par la victoire du général Franco. L'exode des populations en provenance de Catalogne devient massif après la chute de Barcelone le 26 janvier1939, dernier bastion des républicains. 
- À la même époque, la France se prépare à la guerre avec l’Allemagne qui est promulguée le 3 septembre 1939. 
- Début 1940, suite à l’avancée des troupes hitlériennes dans le pays, c’est la débâcle et l’exode des civils fuyant l’envahisseur. Le 22 juin, Pétain signe l’armistice et le gouvernement français se réfugie provisoirement à Bordeaux[2] avant de se rendre à Vichy. 

Dans l’éventualité d’un PAUZAT résidant en Espagne et fuyant le franquisme, nous avons, pour cette période, plusieurs PAUZAT susceptibles d’être proches de lui. 
Parmi ceux cités dans l’article du 29/12/2011 « les PAUZAT en Espagne », relevons en 1912 un Señor Bernardo PAUZAT « Inspector de Exploitation » résidant à Madrid, avec qui mon grand-père Jean Sylvain PAUZAT, né à Hendaye, a eu certainement des contacts. 

Existait-il alors une branche du berceau Béarn des PAUZAT issue de ceux ayant vécu à Cadix vers 1785 et qui faisaient commerce avec les Amériques ? Dans ce cas, Gabriel PAUZAT, comme ce Bernardo, en serait les descendants ? Cette hypothèse est très séduisante, mais nous n’en avons aucune preuve. Notons aussi que mon grand-père était à Paris (Brétigny /Orge) en 1939, par conséquent au même moment où Gabriel PAUZAT et sa femme y séjournèrent. 

Dans l’hypothèse où Gabriel PAUZAT n’aurait pas vécu en Espagne, on peut envisager un autre scénario : 
- Dans un premier temps, étant militaire et ayant séjourné dans l’une de nos colonies, s’y serait marié avec une émigrée d’origine espagnole, hypothèse étayée par la découverte d’un document paru au JO en 1928 et citant un Gabriel PAUZAT, sergent-chef au 16e régiment colonial. 


- L’indice qui vient confirmer, au moins partiellement, cette hypothèse est l’inscription reposant sur la dalle de sa tombe, témoignage indiquant « Les médaillés militaires à leur camarade ». 
- Plus tard, vivant en France, par exemple à Paris, il fuit la capitale comme beaucoup de ses compatriotes. 
- S’il a de la famille ou une possibilité de travail en Pays basque, il descend se réfugier à St-Jean-de-Luz, où il décède à l’âge de 96 ans. 

En conclusion, nous connaissons quelques PAUZAT du berceau béarnais ayant des liens avec l’Espagne et dont la descendance pourrait être parente du couple, objet de cet article. Remarquons cependant que le prénom Gabriel est peu usité chez les PAUZAT du Béarn, par contre, il l’est de manière significative en Auvergne et un peu au Limousin. 
Aujourd’hui, cette tombe est la seule source d’information le concernant. Quelles sont ses racines, les circonstances du décès de son fils ? Nous l’ignorons. 
Seul, le témoignage d’un proche s’il existe, ou les archives[3] des médaillés militaires pourront permettre d’en connaître un peu plus sur lui, en particulier l’identité de ses parents et son lieu de naissance.

[1] Qui reposerait, a priori, lui aussi dans le caveau
[2] Les allemands sont présents à Bordeaux dès le 24 juin
[3] Pour les informations datant de plus de 75 ans