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28 février 2012

Quels sont nos ancêtres les plus anciens identifiés à ce jour ? - 2e partie

Dans l’article précédent, nous avions commencé à répertorier ceux qui, portant notre patronyme depuis sa création vers les 11/13ème siècle, avaient laissé un indice jusqu’à nous, avant que le relevé systématique des actes civils soit réellement effectif, c’est-à-dire avant le 17e siècle.
Ces PAUZAT sont par nature rares et pourtant, nous en trouvons un certain nombre, au travers de documents divers. Dans l’article précédent nous avions parlé de :
- Arnaut PAUZAT qui « le 10 avril 1398, fait hommage au comte de Périgord pour ce qu’il possède en la juridiction de Bourdelle ».
- Pierre ARNAUD né en 1385, damoiseau de PAUZAT
Tous deux du berceau Guyenne, à ces derniers nous pouvons y ajouter :
- Jacques PAUSAT, né vers 1581, qui décède à l’âge de 28 ans à Arveyres, par noyade dans la « zini » de la Dordogne.

acte de décès du 13 juillet 1609 à Arveyres, page 93
Berceau Limousin :
- Marie PAUZAT, mariée vers 1525 à un riche marchand du village de Villoutreys, Pascaud de Villoutreys (à Saint-Martin-le-Vieux, canton d'Aixe-sur-Vienne, à quelques km au SW de Limoges), avec qui elle eut six enfants mâles (dont deux prêtes). Elle décédera avant 1539.
Berceau Béarn :
- Johan PAUSAT né à Issor en 1570.
- Berdolet PAUSAT né, lui aussi, à Issor vers 1580. Ce dernier est cité sur un parchemin de 1615, concernant à Issor un échange de terre entre lui, ses voisins et Arette.

Hors des berceaux connus à ce jour :
- En 1577, Jean PAUZAT, sautier vidommal[1] à Chamoson, officier de la cour dans le Valais en Suisse. (voir cartes ci-dessous, au SW de Sion).

- Gaspard PAUSAT, né à Vaux et décédé avant 1598, sans que l’on sache, s’il s’agit de Vaux en Suisse ou l’une des quatre communes existant en France (Allier, Hte-Garonne, Moselle et la Vienne), ainsi que la localité rattachée à Champs sur Yonne dans le département de l’Yonne.
- Hugonine PAUSAT, fille du précédent, mariée le 28/12/1598 à Vaux avec Estienne MAURAZ
- …. PAUZAT, en 1517 en Angleterre (Ellingham County, Southants), information à confirmer.
- Barthélémy PAUZAT né en 1525, marié à Peyronne CHAUVET dont il a eu un fils en 1548, dénommé Pierre dit BÉLUQUET, et une dizaine d’autres PAUZAT répertoriés, tous de Salon-de-Provence ou dans la région. Ce qui laisse supposer qu’avant le 17e siècle, il aurait existé un berceau provençal.
Cependant, il faut noter l’existence de Bernard PAUSAT, marié à Salon-de-Provence avant 1565 à Jeanne MAILLAND, mais … originaire de la Corrèze. Il semblerait donc que ce dernier soit venu du berceau Limousin.


En conclusion, on ne trouve une cohérence géographique entre les berceaux et les individus identifiés avant l’enregistrement généralisé des actes de baptême, soit vers le 17e siècle, que pour les berceaux Limousin et Béarn. Il est curieux de constater qu’avant cette date, il exista des PAUSAT en des lieux différents des berceaux connus à ce jour, soit que leurs descendances les quittèrent, soit que celles-ci disparurent, faute d’héritiers mâles. En Guyenne, à Bourdeilles, avons-nous un cas semblable ou simplement une extension du berceau Limousin ? En Provence, par contre, l’énigme est complète, car cette souche semblait prometteuse, étant donné le nombre d’individus recensés, mais curieusement aucun registre n’identifie plus tard des individus qui auraient dû appartenir à ce berceau.
Notons que ceux recensés actuellement en Provence (Marseille) sont originaires de Castelnaudary (Languedoc).
Les cas de l’Angleterre et de la Suisse sont marginaux, mais le dernier est intéressant, car établi et montrant que le parcours de nos ancêtres fût moins casanier que ce que l’on pourrait imaginer. Mais d’où venait cette famille, du Limousin ?
Il reste donc encore beaucoup de recherches à entreprendre pour expliquer ces situations, et à condition qu’existe la possibilité qu’elles aboutissent.


[1] Sautier : Huissier du Conseil d’État, à Neuchâtel, en Suisse
Vidame : Homme qui tenait les terres d’un évêché ou d’une abbaye, à la condition d’administrer le temporel du titulaire, de commander ses troupes, de rendre la justice civile en son nom dans l’étendue de ses fiefs.

14 février 2012

Quels sont nos ancêtres les plus anciens identifiés à ce jour ? - 1ère partie

Rappel : La rédaction des actes judiciaires et la tenue des registres de baptême, mariages et sépultures de nos ancêtres furent officiellement créées vers la moitié du 15e siècle[1]. Mais en fait, l’ordonnance royale qui en avait décidé ainsi fut peu suivie. Ces registres ne furent mis en place effectivement qu’à partir de 1667, date où un texte royal, dit le « code louis » en élargit le contenu et obligea de les tenir en double exemplaire (le curé conservait l’original et le double était déposé aux greffes du bailliage ou de la sénéchaussée[2]).
Aujourd’hui, ces registres nous permettent donc théoriquement, de retrouver à partir de cette date, les individus qui avaient pour surnom notre patronyme actuel.
Mais qu’en est-il de ceux qui vécurent avant, durant la période où leurs surnoms apparurent[3] jusqu’à la mise en place de ces registres, c’est-à-dire entre les 11/13ème siècle et la moitié du 17ème?
A priori, aucune trace ne subsiste d’eux (à l’exception des nobles qui, par leurs activités ou leur influence, eurent l’occasion d’intervenir dans de nombreux actes).
Par conséquent, il devient intéressant de relever les rares exceptions à cette règle concernant les PAUZAT que nous avons pu trouver. 

Le plus ancien à porter notre patronyme, que nous connaissons à ce jour, est Arnaut PAUZAT, sans doute propriétaire terrien, qui est cité dans un inventaire de la châtellenie[4] de Bourdeille:
« le 10 avril 1398, il fait hommage au comte de Périgord[5] pour ce qu’il possède en la juridiction de Bourdelle ». 
vue du château de Bourdeilles et citation de Arnaud de Pauzat en 1398











Histoire du château de Bourdeilles :
Bourdeilles (Bordelha en occitan) est une commune française située dans le département de la Dordogne. Notons qu’au XIII siècle un grand nombre de localités, disséminées dans tout le Périgord, sont sous l'autorité des Templiers. 
Vers 1259, les guerres fratricides des Bourdeille contribueront à la démolition du premier château.
En 1365, la châtellenie de Bourdeilles compte près de 800 feux sur une surface de 300km2 environ. Les seigneurs successifs de Bourdeilles sont à la fois de grands propriétaires fonciers et détenteurs du droit de ban[6].
En 1341, Philippe VI de Valois cède Bourdeilles à Archambault IV, comte de Périgord. Bien que vassal du roi d'Angleterre depuis le traité de Brétigny, ce dernier se rallie au roi de France en 1369 et subit les foudres du Prince Noir. Édouard Plantagenêt assiège le château et s'en rend maître au bout de onze semaines " par grand advis et malgré escarmouches et grands apertises d'armes " (chroniques de Jehan Froissard). Huit ans plus tard, Du Guesclin et le duc d'Anjou reprennent la place.
Confié à des capitaines nommés par les comtes de Périgord, Bourdeilles devient un repaire de brigands et de pillards. Il faudra la remise du comté à Louis d'Orléans, en 1397, pour mettre fin à leurs agissements. La garde du château est alors confiée à Arnaud Ier de Bourdeille, descendant des premiers coseigneurs.
C’est ainsi, qu’en 1398, Arnaut de Pauzat fait hommage à son tour au comte du Périgord pour ce qu’il possède en la juridiction de Bourdeilles.
Rappelons que Bourdeilles se situe à moins de 20km, au NW de Périgueux, mais aussi à environ 30km de Jumilhac-le-Grand, l’un des centres du berceau Limousin des PAUZAT.

L’hommage :
Le début du Moyen Age est marqué par des invasions fréquentes et meurtrières ; devant le danger, des hommes libres demandent à des hommes plus puissants de les aider et de les protéger. En échange, ils acceptent de les servir et de perdre une partie de leur liberté. Plus tard, ces relations évoluent, et une cérémonie de l'hommage établit des liens entre l'homme qui demande protection "le vassal" et un seigneur riche et puissant : le vassal, à genoux, s'engage d'abord à être "l'homme" de son seigneur, ensuite il lui jure aide et fidélité sur les reliques, le seigneur en échange lui accorde une terre pour qu'il puisse vivre et le servir
La cérémonie de l’hommage a lieu au château du suzerain, elle est composée de trois parties importantes :
- le vassal jure fidélité à son suzerain, il est à genoux les mains dans les siennes
- le vassal et le suzerain échangent un baiser sur la bouche en signe de fraternité et de fidélité.
- le suzerain remet ensuite à son vassal un objet symbolisant la concession du fief, cette terre constitue le fief, le fief est à l'origine de la féodalité.
Un vassal qui ne respecte pas ses engagements est déclaré comme vassal félon, il perd tout ses bénéfices à commencer par le fief. 
Hommages à Arthur et à Charles d'Orléans, cérémonie à droite







Damoiseau[7] :
Á la même époque, on trouve un individu nommé Pierre ARNAUD (né en 1385, fils de Pierre ARNAUD et Éléonore BARRIERE) damoiseau de PAUZAT
Ce PAUZAT avait donc certainement un rang social élevé, mais on ignore encore le lieu où il vivait. Était-ce Arnaut de PAUZAT ou l’un de ses parents?
La suite de « Quels sont nos ancêtres les plus anciens identifiés à ce jour ? » sera publiée dans le prochain article , à bientôt donc …

[1] « Entre le 10 et le 15 août 1539, le roi François 1er signe une ordonnance de 192 articles dans son château de Villers-Cotterêts.
Cette ordonnance très importante institue en premier lieu ce qui deviendra l'état civil en exigeant des curés des paroisses qu'ils procèdent à l'enregistrement par écrit des naissances, des mariages et des décès.
L'ordonnance établit par ailleurs que tous les actes légaux et notariés seront désormais rédigés en français. Jusque-là, ils l'étaient en latin, la langue de toutes les personnes instruites de l'époque ».
[2] Bailliage : tribunal qui jugeait au nom du bailli / circonscription soumise à la juridiction d’un bailli (officier d’épée ou de robe qui rendait la justice au nom du roi ou d’un seigneur).
Sénéchaussée : sous la juridiction d’un sénéchal, officier-chef de la justice et aussi de la noblesse.
[3] Voir le premier article de ce blog (14 septembre 2010) relatif à ce sujet.
[4] Territoire soumis à la juridiction d’un châtelain.
[5] En 1398, Archambaud VI le Jeune fut le dernier comte de Périgord, destitué en 1399, car le roi déposséda les derniers comtes de leurs terres, et le Périgord fut inféodé de nouveau en 1400 avec rang de pairie, au duc Louis Ier d'Orléans.
[6] En droit féodal, le seigneur haut-justicier dispose du pouvoir de faire des règlements et des proclamations publiques, ou droit de ban, sur l'étendue de son domaine, d'où il a aussi le droit de bannir les criminels. Ainsi, par un ban, le seigneur s'attribue, dès le XIe siècle, le monopole d'installations telles que four, halle (qu'à l'origine il était seul à pouvoir faire construire), forge, pressoir, moulin à grain, moulin à huile,..
[7] ce titre était donné au début du Moyen-âge « à un jeune gentilhomme qui n’était point encore reçu chevalier, et qui aspirait à l’être », mais vers la fin du Moyen-âge, à « un jeune noble accompagnant le châtelain ou la châtelaine à la chasse, à la promenade, au voyage, servant à la table, et faisant office de messager ».