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23 décembre 2013

Ode à la langue occitane

PAUSAT, notre patronyme, nous a été légué par nos ancêtres.

C’était leur surnom, mot occitan qui a subsisté jusqu’à nous, plus ou moins altéré selon la diction de ceux qui en était les détenteurs, mais qui souvent n’en connaissait pas l’écriture, et selon les compétences en sa rédaction de ceux qui le transcrivait sur les registres paroissiaux.

Ce surnom est emprunté à leur langue, la langue occitane, celle des poètes et des troubadours, c’est leur héritage que nous portons aujourd’hui depuis le jour de notre naissance.

En cette fin d’année, citons un poème de Louisa PAULIN[1] où notre patronyme est utilisé dans son usage courant, dans un texte simple où mêlé à d’autres mots occitans, il participe à la beauté, la simplicité et le chant d’une langue presque oubliée.

Silenci de l'auton

Silenci de l'auton quand lo vent s'es pausat
doç coma una pluma de palomba
escapada de la negra man del caçaire.
Silenci saure de l'auton
ont s'ausis la darrièra vèspa
e lo, mai escondut al plus prigond del còr.

Silence de l'automne

Silence de l'automne quand le vent s'est posé,
doux comme une plume de palombe
échappée de la noire main du chasseur.
Silence blond de l'automne
où l'on entend la dernière guêpe
et le plus caché au plus profond du cœur.

poème extrait de "Direm a la nòstra nena"



[1] Louisa PAULIN, professeur à l’École Normale de Tulle, profita d’une retraite anticipée en 1932 pour étudier systématiquement l’occitan et ensuite publier des poèmes dans cette langue.

26 octobre 2013

Des Pauzat concernés par la justice ?

Quelques-uns de nos ancêtres eurent affaire à la justice, étaient-ils coupables ou innocents ? Certains témoignages les concernant sont parvenus jusqu’à nous. Jetons donc un regard curieux sur ceux-ci.
Précisons au préalable deux critères importants : l’exercice de la justice et les supports de mémoire, car selon l’époque où les faits se sont déroulés ces derniers sont totalement différents.

En premier lieu, durant l’Ancien Régime, la justice était diverse[1] et il existait « une multitude de modalités à respecter avant l'application de la peine capitale, selon le crime et la condition du condamné. Le droit pénal de l'Ancien Régime comportait des peines afflictives destinées à faire souffrir le coupable et des peines infamantes destinées à l'humilier. Les peines n'avaient pas pour but de punir ou d'amender le coupable, mais d'impressionner les spectateurs, de servir d'exemple, de dissuader le public de commettre des crimes[2] ».
D’autre part, « l'emprisonnement ne figurait pas encore parmi les peines, il ne servait qu'à détenir la personne accusée en attente du jugement, ou alors comme peine de substitution en cas de grâce ».

En second lieu, durant cette même période, rares sont les témoignages de l’action de la justice sur le « bon peuple » où les acteurs sont désignés nominativement. Avant l’invention de l’imprimerie et longtemps après, l’information est véhiculée par voie orale et par affichage. Par la suite, l’analphabétisme limite la portée des gazettes, celles-ci étant de toute façon en très petit nombre. Il ne reste donc que les écrits consacrés aux grands faits historiques ayant fait l’objet de rédaction d’actes et de manuscrits.
Citons les écrits de l’Inquisition en terres cathares où par exemple, tous les habitants d’un village comme celui de Montaillou[3] furent, à la fin du XIII siècle, identifiés et interrogés. Leurs noms et leurs histoires nous sont donc connus. Les cas isolés, par exemple celui de l’assassinat du roi Henri IV en 1610 laissa à la postérité le nom de son assassin François Ravaillac. Mais, pendant cette période aucun Pauzat ne vit son nom accéder à la mémoire collective.

De ce fait, les informations dont nous disposons sont toutes postérieures à la Révolution française et contemporaines de la presse écrite. Celle-ci s’étant développée qu’à partir du 19e siècle, les témoignages existants datent donc logiquement de la période qui suivit.

Notons aussi que si certains de nos ancêtres, cités plus bas, furent condamnés à la peine de mort, le hasard voulut que l’un fût exécuté étant innocent, alors qu’un autre fut gracié après avoir commis un crime odieux !


la guillotine[4] le métier de corroyeur le métier de porteur d’eau[5]

Examinons maintenant les faits recensés :

Léonard PAUZAT[6] en 1794 à Bordeaux


Agé de 47 ans, natif de Dussac en Dordogne, il fut condamné à mort le 4 juillet 1794 (16 messidor de l’an 2) durant la Terreur[7], par la commission révolutionnaire de Bordeaux comme receleur de prêtres réfractaires. Il a été guillotiné place Nationale (l’actuelle place Gambetta).
Il fut arrêté et condamné avec « le prêtre Cazeaux et onze religieuses ou pieuses femmes qui avaient caché ce dernier. Pour sa part, il n’était qu’un humble porteur d'eau du couvent du Bon Pasteur ».
Il n’eut pas de chance à double titre, premièrement parce qu’il était innocent et n’avait commis aucun méfait, mais aussi parce qu’il eut la tête tranchée juste quelques jours avant la fin de la Terreur, celle-ci s’achevant le 28 juillet 1794 avec la chute de Robespierre.
remarque : son prénom laisse supposer que sa famille est originaire du Limousin.

Lucien POUZAT en 1913 à Paris

Télégraphiste, âgé de 15 ans, il avait pris l’habitude avec certains de ses jeunes collègues d’ouvrir les pneumatiques (imprimé bleu dont les anciens se souviennent certainement) et ainsi de satisfaire leur curiosité pour découvrir quelques secrets, profiter de tuyaux aux courses, etc.
Mais un jour, Lucien apprit ainsi qu’une jeune femme de 29 ans, Mme Juliette S… habitant le quartier avait une liaison avec le patron de son mari. Il eut l’idée de la faire chanter en lui réclamant pour son silence 150 francs[8] en 3 coupures de 50 francs.
Arrêté, il fut rendu à ses parents, car la dame ne porta pas plainte, mais le commissaire prévint l’administration des P.T.T. qui ouvrit une enquête sur la façon dont ses petits facteurs violaient les secrets des correspondances qui leur étaient confiées.

Joseph POUZAT en 1923 à Gannat

Citons : « le 2 septembre 1922, un bourrelier-corroyeur[9] de Gannat, se rendit à Issoire pour y voir sa fillette Madeleine, une enfant de huit ans, confiée à des parents domiciliés dans cette ville. Ayant amené la gamine en promenade et se trouvant avec elle dans un endroit écarté, il la saisit brusquement par les cheveux et lui trancha la gorge d’un coup de couteau, avant de jeter le cadavre dans un fossé rempli d'orties.
Arrêté peu après, il avoua son crime, déclarant qu’il avait tué la pauvre enfant pour se venger de sa femme qui avait demandé le divorce contre lui. Joseph Pouzat à comparu hier devant la cour d’assises du Puy-de-Dôme qui l’a condamné à la peine de mort ».
Cependant, il fut gracié le 19 avril 1923.

Germaine PAUZAT en novembre 1929 à Saint-Mandé[10]

Citons : « une bonne âgée de 27 ans, Germaine Pauzat, avait disparu de chez son patron, M.Branger, rue de l’Alouette à Saint-Mandé, en emportant une somme de 500 francs[11] ; arrêtée, elle a été envoyée au dépôt ».

Rappelons aussi d’autres cas ayant fait l’objet d’articles dans ce blog :

Jean-Baptiste PAUZAT de Zuñiga en 1829 à Bordeaux

Un jugement de la cour de justice de Bordeaux du 18 mai 1829 nous informe qu’un dénommé Pauzat de Zuñiga négociant à Bordeaux était le commissionnaire d’un autre négociant, lui, de Veracruz au Mexique, pour lequel il devait négocier la vente de « 20 surons de cochenille » .
Voir l’article du 27/10/2010

L’abbé PAUZAT en 1899 à Montory

En 1899, une histoire de bancs, à l’intérieur de l’église, fit grand bruit, et les échos parvinrent en haut lieu jusqu’au Président du conseil. ….
Voir l’article du 31/10/2010

Ainsi, nous clôturons la liste, sans doute partielle, de nos ancêtres qui firent connaissance, à juste titre ou à tort, avec la justice de notre pays.

[1] La Justice sous l'Ancien Régime résultait d'un savant mélange entre traditions et édits, entre les coutumes orales et les règles écrites. La France comptait quelque 300 coutumes, dont 60 principales.
[2] La pendaison était la peine commune. La décapitation à l'épée (ou la hache) était un privilège attaché à la noblesse. Le bûcher pour les hérétiques relaps et les incendiaires (le patient était souvent discrètement étranglé auparavant par un lacet). La roue pour les brigands et pour les meurtriers condamnés avec circonstances aggravantes. L'huile bouillante : pour les faux-monnayeurs ; L'écartèlement, avec ensuite exposition des restes aux quatre portes de la cité : pour la haute trahison, pour les parricides. La tête cassée, peine militaire, dont sont aussi menacés les civils qui forçaient les blocus en cas d'épidémie de peste.
[3] Voir l'ouvrage anthropologique d'Emmanuel Le Roy Ladurie : Montaillou, village occitan de 1294 à 1324
[4] La guillotine est une machine destinée à appliquer officiellement la peine de mort par décapitation et qui fut utilisée en France depuis la Révolution française jusqu’en 1977.
[5] Métier ancien existant dans de nombreux pays, il y avait encore 700 porteurs d’eau à Paris en 1879, presque tous Auvergnats !
[6] Aussi identifié avec le patronyme PAUSE
[7] La Terreur est le nom d'une période de la Révolution française (1793-1794), caractérisée par le règne de l'arbitraire et des exécutions de masse perpétrés par les révolutionnaires.
[8] Soit l’équivalent aujourd’hui de 49500 euros
[9] Le corroyeur est celui qui donne aux cuirs, en sortant des mains du tanneur, des façons qui, les rendant plus souples et plus lisses, les disposent aux ouvrages du sellier, du ceinturier, du bourrelier et autres ouvriers.
[10] Saint-Mandé est située à l'entrée sud-est de Paris et au nord-ouest du département du Val-de-Marne, au cœur du plus grand parc boisé de l'Ile-de-France, le bois de Vincennes.

[11] Soit l’équivalent aujourd’hui de 28500 euros


2 octobre 2013

Regard sur les lieux-dits Pauzat en Auvergne

Quelques jours de vacances en Auvergne m’ont donné l’occasion d’aller voir in situ les deux lieux-dits portant le nom de notre patronyme. Il s’agit de ceux localisés dans les communes d’Escoutoux et de Vieillevie.

Nous avions déjà abordé ce sujet dans l’article de mars 2012, sans pouvoir conclure sur l’origine de cette dénomination : celle-ci est-elle consécutive à la création des surnoms de nos ancêtres, notre patronyme actuel (vers les 11/12ème siècles) ou antérieure à celui-ci.

Dans la première hypothèse, on peut supposer que le lieu a pris le nom de la « famille »[1] habitant cet endroit : c’est fort probablement le cas de celui d’Issor en vallée de Barétous, cette localité étant le cœur du berceau béarnais des Pauzat.

La seconde hypothèse privilégie l’existence du toponyme Pauzat avant celle de notre patronyme. Ceci implique donc, a priori, que ce dernier est apparu pour identifier une caractéristique géographique d’un lieu ou de celle de l’usage qui en était fait, dans notre cas celui, fort probablement, d’estive et de lieu de repos pour les bêtes[2].

C’est ainsi que dans le sud du Cantal, au-dessus de la vallée du Lot et sur les hauteurs de la petite commune de Vieillevie existe une grange dénommée Le Pauzat.
Actuellement, ce lieu héberge à proximité, entre autres, une bergerie d’une trentaine de chèvres qui pâturent tout au long de l’année dans les sous-bois de chênes et de châtaigniers et dont le lait sert à l’élaboration d’un fromage bio dénommé « Le Pauzat des chèvres ».



Un second cas identique existe au sud de Thiers (Puy-de-Dôme, capitale française de la fabrication du couteau), dans la commune d’Escoutoux.
À cet endroit (actuellement occupé par quelques habitations), on peut identifier encore les traces potentielles d’un usage dédié à l’estive d’animaux.

Pour compléter l’article précité évoquant l’exécution en 1794 du curé Benoît Calmard domicilié à Pauzat, notons que : « La répression des menées contre-révolutionnaires commence très tôt à Thiers, dès la fin juin 1791 (après la fuite du roi stoppée à Varennes). Elle s'amplifie en février 1793 avec des visites domiciliaires contre les prêtres réfractaires et dans les familles d'émigrés ».

Enfin, j’ai visité la commune de Plauzat, située à quelques km au sud de Clermont-Ferrand, pour savoir si l’origine de son nom était liée à celui de notre patronyme. La réponse n’est pas connue, sans doute que la présence d’un L après la lettre P n’est pas accidentelle, il s’agirait à l’origine d’une villa gallo-romaine du nom de Plausius ou Plosius.

Pour conclure, je tiens à préciser que j’ai été fort aimablement reçu par les mairies concernées et j’en remercie les personnels et les maires, et plus particulièrement celui de Vieillevie qui n’a pas hésité à me servir de guide pour accéder à la grange PAUZAT.

[1] L’appellation exacte était à l’origine celle de « feu ». Le dénombrement d’une population se faisait en comptant le nombre de feux, c’est-à-dire le nombre d’habitations possédant une cheminée autour de laquelle s’organisait la vie de son propriétaire, de sa famille et de ceux qui travaillaient pour eux.
[2] Notons que le terme occitan PAUSADOU que l’on retrouve aussi dans la région de Marseille, signifie lieu de montagne où l’on fait se reposer les troupeaux transhumants.

3 août 2013

Les PAUZAT dans la farine ! (2/2)

Une lectrice de ce blog ayant posé une question pertinente concernant l’article précédent[1], je choisis d’y répondre plus largement en rédigeant une suite à ce dernier.

Les meuniers habitaient-ils dans leur moulin ?

Sans doute que oui, mais selon des conditions qui devaient varier beaucoup de l’un à l’autre.

A priori, l’intérieur des moulins, que l’on considérerait aujourd’hui comme un « local technique » avec ses contraintes et aussi ses dangers, n’avait pas vocation d’habitat. Ceci ne devait pas empêcher qu’il y ait dans un endroit, à l’abri des roues et des courroies, une paillasse où le meunier (ou son apprenti) dormait en surveillant de temps en temps le bon déroulement des opérations (force du courant de la rivière ou du vent, réglage des courroies, aspect de la mouture etc. ).

En conséquence, l’habitat devait se trouver attenant au moulin, ce dernier étant situé soit près d’un cours d’eau pour les moulins à eau, soit au sommet d’une colline où le vent est fréquent et fort pour les moulins à vent.

Les moulins, pour ces raisons, sont pratiquement toujours éloignés des villages, les meuniers sont donc obligés de vivre loin de leurs semblables et à proximité immédiate de leur outil de travail. Cependant, le confort de cet habitat devait varier beaucoup en fonction du niveau de vie du meunier, certains étant devenus très riches et propriétaires, d’autres étant restés pauvres, avec un bail renouvelable de courte durée.

Remarques :
1/ citons cependant un texte[2] plus explicite sur ce sujet :
Le moulin « était à la fois le lieu de vie et le lieu de travail. Maison et atelier s'y mélangeaient. Au rez-de-chaussée, la salle des meules était utilisée comme cuisine et salle de séjour par la famille, tandis que le premier étage se composait bien souvent d'une chambre unique où dormaient parents, enfants et grands-parents ».
2/ les moulins à vent étant généralement construits en pierre et en hauteur sous forme de tour pour permettre aux ailes d’être plus « au vent » et écartées du sol, le rez-de-chaussée pouvait alors servir éventuellement d’hébergement.

Moulin à vent situé près de Libourne
Les individus portant notre patronyme étant tous d’origine occitane, il est intéressant de constater que la répartition géographique du métier de meunier chez les PAUZAT/PAUSAT n’est pas également répartie dans ce territoire, la majorité écrasante ayant vécu en Auvergne/Limousin.

Ceci ne doit pas être étranger au fait que cette région est considérée comme le « château d’eau » de la France, d’où aussi la présence de compagnons de rivières[3].

Il n’y a que deux meuniers en Béarn et un seul en Guyenne, mais ces deux berceaux sont des « villages gaulois » isolés et limités géographiquement, où les métiers de la terre sont majoritaires pour le premier et celui de l’eau (batelier, maître de barque ..) pour le second.

moulin de Flerville-les-Mines  et moulin de Virey près de St-Hilaire-du-Harcouet
Voir aussi :
le site : http://www.odile-halbert.com/ dédié aux modes de vie au 16e et 17e siècles
le blog : http://geneahist-goupil.over-blog.com/article-216593.html article : MORICET père et fils - Meuniers

[1] Concernant le métier de meunier
[2] Voir le site : http://andre.froidure.free.fr/Quevauvillers/Metiers/Meunier.htm 
[3] Voir l’article sur les compagnons de rivière du 02/05/2013

31 juillet 2013

Les PAUZAT dans la farine ! (1/2)

Abordons cette fois-ci le métier de meunier, plus particulièrement celui de nos ancêtres de l’Ancien Régime. 
Lors de mes recherches généalogiques, il m’arrive de trouver des PAUZAT meuniers et de constater que leurs descendances vécurent eux aussi le long des rivières françaises, souvent au même endroit et en pratiquant le même métier durant plusieurs générations.

Ainsi, à St-Yrieix-la-Perche dans le Limousin, nous trouvons :
- Bernard PAUZAT (n°489) marié en 1745 avec Gabrielle PICOT, meunier au moulin des Palaux 
- Pierre PAUZAT (n°1297), son fils ainé, marié à Pétronille BOSSAVI en 1778, meunier lui aussi au moulin des Palaux. Lors du mariage de ce dernier, l’un de ses témoins, Jean PAUZAT de la paroisse de Glandon (87500), est lui aussi meunier.
- Pierre PAUZAT (n°998), fils du précédent, marié à Marguerite LAURENT en 1803, meunier au moulin de Piey.
- François PAUZAT (n°1008), fils du précédent, marié à Élisabeth JOUSSAIN en 1837, reste dans la farine … mais comme boulanger ! 



Conditions de vie, citons :
« En France, sous l'Ancien Régime, le moulin, comme le pressoir ou le four à pain étaient soumis aux droits banals[1]. Dans le droit communal, ces biens sont partagés entre les citoyens. C'est la Révolution de 1789 qui abolit ces privilèges seigneuriaux ».
Le meunier n’était donc que le locataire du moulin qui appartenait à l’Église ou à la noblesse[2]. Il est le signataire d'un bail d'arrentement : c'est-à-dire qu'on lui « donne à rente » le moulin, pour une durée renouvelable de 1 à 4 ans. En retour, le meunier s'engage à l'entretien du matériel, le répare et le renouvelle à ses frais.
Pour l’aider, il employait souvent une domesticité, une servante, un journalier. Il avait quelques bêtes pour transporter la farine ou les grains.
Au cours du Moyen-Âge, le statut des meuniers est ambigu. De par le droit de banalité, il est en quelque sorte « l'homme du seigneur », et fait le lien entre la noblesse et les paysans. Il suscite souvent méfiance et jalousie.
En effet, nous pouvons lire[3]

Contexte : Pour le paysan, le moulin était une nécessité quotidienne absolue. Nos ancêtres se nourrissaient pour une bonne part de mets issus des grains qu’ils récoltaient sur leur terre, pain de seigle ou de froment à l’occasion, bouillie d’avoine ou de blé noir, galettes ou crêpes de blé noir. Sans moulin, pas de farine nécessaire à la confection de ces nourritures. Et c’est ainsi que nos aïeux tant par nécessité alimentaire que par obligation féodale devaient confier au moulin du maître des lieux, leur vie durant, leur «grain quotidien».
Qu’ils soient satisfaits ou non de la qualité du travail du meunier et quelle que soit la confiance qu’ils pouvaient lui accorder quant à l’honnêteté de ses prélèvements en grain pour rétribution de ses services.
Les meuniers constituaient une sorte de petite caste vivant aux côtés des paysans auxquels ils ne se mélangeaient pas. Le fils du meunier épousait la fille d’un autre meunier et réciproquement ».
La transmission se faisait directement par l’ainé des fils. Si le garçon venait à manquer, un gendre se retrouvait à la tête du moulin, mais ce dernier provenait obligatoirement d’une famille meunière.
Le métier s’apprend par lentes imprégnations, dès l’enfance. Il existait une grande complicité entre le père et son fils ainé. Celui-ci apprenait chaque jour un peu plus le travail de son père et devenait ainsi meunier tout naturellement ».

Maîtrise d’un savoir-faire, citons :
Les meuniers n’étaient pas seulement des «techniciens en mouture de grains» comme diraient nos modernes technocrates. Ils étaient aussi des mécaniciens (les premiers du monde rural) et hydrauliciens. Le fonctionnement des systèmes d’arbres de transmission, de roues à dents, de couronnes s’entraînant les unes les autres, de poulies, de courroies, cordages, etc. faisant tourner les meules, actionnant le va-et-vient des blutoirs, montant les sacs, tout cela grâce à une grande roue extérieure entraînée par l’eau du canal de déviation du ruisseau voisin, échappait à l‘entendement du commun des paysans. Ce d’autant plus que les meuniers veillaient jalousement à préserver le secret de leur savoir-faire, qu’ils se transmettaient de père en fils, de génération en génération.
Peut-être est-ce pour cela qu’ils passaient pour être un peu sorciers, réputation qu’ils se gardaient bien de démentir.

Situation sociale : Entre les paysans et leur meunier, ne régnait pas le grand amour.
Le meunier exploitant du moulin du Seigneur pouvait se sentir investi d’une parcelle du pouvoir et de l’autorité de celui-ci. Le paysan qui venait au moulin en qualité de «mouteau[4]» faire moudre le grain destiné à nourrir sa maisonnée accomplissait en même temps le devoir d’obéissance qu’il devait au même seigneur. Les rapports étaient donc ceux de dominant (le meunier) à dominés (les «mouteaux»).
Une autre raison tenait du mode de rémunération du meunier, qui engendrait à son égard un sentiment perpétuel de suspicion. Le meunier n’était pas rémunéré en argent, mais en nature. La coutume lui accordait pour son salaire le seizième du grain porté à son moulin. Le paysan n’ayant aucun moyen de vérifier si le meunier lui prélevait son juste dû, ou un peu plus. Il lui eut fallu pouvoir comparer le poids du grain livré et celui de la mouture reçue en retour. Or il ne possédait pas d’instruments de pesage (on n’en trouve jamais dans les inventaires après décès), à cela une raison très simple : les transactions sur les grains se faisaient non pas au poids comme de nos jours, mais au volume. L’unité de mesure du grain était le boisseau[5], de contenance variable d’un endroit à l’autre.
Eut-il possédé les instruments de pesage nécessaires, encore fallait-il que notre paysan soit capable de déterminer le poids du seizième qui revenait au meunier. Au dix-huitième siècle, les enfants de paysans n’allaient que fort peu à l’école. La comparaison en volume n’était pas davantage possible. Par effet de foisonnement, le volume de la mouture est supérieur à celui du grain dont elle est issue.

Alors, faute de contrôle possible, volé ou pas, notre homme ne pouvait qu’être convaincu de l’être réellement. Bien sûr le meunier savait tout cela. Pour autant, les soupçons du «client» étaient-ils justifiés? Sans doute pas toujours. Mais tout de même l’occasion fait le larron dit-on, et les hommes, meuniers ou pas, sont rarement des saints qui seuls savent résister toujours à toutes les tentations. Alors une petite écuellée de seigle par ci, une demie bassinée de blé noir par là... à condition de ne pas exagérer. Pas vu pas pris ». 


D’où, sans doute une explication[6] plus crédible de l’origine de l’expression « se faire rouler dans la farine ».




[1] Droits banals : Les banalités sont, dans le système féodal français, des installations techniques que le seigneur est dans l'obligation d'entretenir et de mettre à disposition de tout habitant de la seigneurie. La contrepartie en est que les habitants de cette seigneurie ne peuvent utiliser que ces installations seigneuriales, payantes. Ce sont donc des monopoles technologiques.
Les principales banalités sont :
· le four banal
· le moulin banal
· le pressoir banal
· le marché aux vins
[2] En effet, ce sont eux qui bénéficiaient du droit d’eau
[3] Réf. « Moulins, Meuniers, Mouteaux sous l’Ancien Régime » (www.mairiepleyben.fr/).
[4] Mouteau : dérivé du terme « droit de moute », celui que le seigneur bannier percevait pour le blé qu’on faisait moudre à son moulin, en sus du droit de moulage.
[5] boisseau : Unité de capacité pour les grains et les matières sèches qui valait environ un décalitre (variable selon les pays).
[6] Une explication, tenue pour officielle, fait allusion au déguisement des comédiens de l'époque qui s'enduisaient le visage de farine pour ne pas être reconnus et ainsi tromper les spectateurs le temps d'une représentation.

24 juin 2013

Jean-Baptiste Pauzat Zuñiga à Cadix chez son oncle !

Il y a moins d’un an, j’ai cherché à avoir accès, par l’intermédiaire des AN de Paris, à la demande officielle de Jean-Baptiste[1] Pauzat d’ajouter à son nom, celui de Zuñiga. Par la lecture du contenu de ce document j’espérais y trouver le récit de son parcours, entre le moment où il quitta ses parents, laboureurs à Issor, et celui où il devint un personnage connu à Bordeaux, comme négociant et armateur commerçant avec le Mexique, ceci vers 1825.
Dans un premier temps, j’ai effectué des recherches à Zuñiga[2], petit village de Navarre en Espagne. Mais ces recherches se sont avérées vaines. Il restait une autre commune située près de Murcie portant le même nom. Cet endroit semblait curieux, car très éloigné de son Béarn natal, mais pourquoi pas, car la présence de français dans le sud de l’Espagne était encore très importante à cette époque.
Finalement, la réponse des AN de Paris lève le voile sur cette partie de la vie de notre personnage. Il est bien parti de chez ses parents pour aller en Espagne, mais … pour Cadix, ville située toute au sud de la péninsule ibérique.


Si l’on se situe dans le contexte historique, rappelons que la cité andalouse était depuis le 16e siècle l’un des principaux ports de la façade atlantique. Elle y attira de nombreux commerçants venus de toute l’Europe qui cherchèrent à profiter de la situation privilégiée qu’occupait ce port, centre névralgique des échanges commerciaux entre les deux continents l’Ancien et le Nouveau Monde.

Depuis 1680 Cadix disposait, en effet, d’un monopole de fait sur le commerce avec l’Empire colonial espagnol : elle est la seule ville autorisée à y exporter des marchandises et à en importer les richesses (fruits et métaux précieux).
Ainsi, parmi tous les étrangers installés à Cadix[3], la colonie française comptait déjà plusieurs dizaines de membres au début du 18e siècle. À l’apogée de ce commerce, Cadix comptait plus de 10 000 étrangers (pour une population de 70 000 habitants) dont 2000 Français de toutes origines. Selon le recensement de 1777, les Limousins (366) et les Basco-Béarnais (201) constituaient les pourcentages les plus élevés. Citons :
« les négociants français éprouvèrent en effet le besoin d’installer des filiales à Cadix dont les principales fonctions étaient la réception des marchandises expédiées depuis la France, leur placement à Cadix auprès des cargadores[4] habilités à pratiquer le commerce colonial et l’acquisition, en retour, des « fabuleux métaux » et des denrées coloniales américaines ».

Cependant, sans doute par un réflex compréhensif, ces négociants ne délèguent pas leurs pouvoirs aux habitants de Cadix, mais à des membres de leur famille qu’ils envoient sur place. C’est eux qui vont constituer ces colonies d’étrangers. Citons :
« les bonnes familles de négociants de Paris ne se servent jamais de commissionnaires, et envoient leurs enfants, leurs frères ou autres parents demeurer actuellement sur les lieux pour faire le négoce, et que les Hollandais, les Anglais et les Italiens agissent de même et ne se confient jamais qu’à eux-mêmes pour régir et gouverner leur commerce »

Par la suite, « les modalités de la présence française changèrent profondément, les établissements correspondant au modèle de la filiale familiale exécutant des ordres pour le compte d’une maison-mère demeurée en France s’effaçant au profit de nouvelles formes. La colonie française tendit ainsi à se démocratiser et, aux côtés des quelques grandes familles anciennement installées, se développa tout un tissu de petits comptoirs et de grosses boutiques, tenus par des marchands de moindre envergure, souvent béarnais, venus tenter leur chance à Cadix ».
Ainsi, on constate en effet : « une forte mobilité chez les jeunes négociants – qu’il s’agisse de jeunes Français venant à Cadix pour s’y former ou y assurer la gestion de la commandite familiale ou des fils des négociants français de Cadix qui se rendent à l’étranger pour le même genre de raisons ».

Et c’est ainsi que notre J-B quitta Issor en 1786, à l’âge de 16 ans, pour aller à Cadix rejoindre un oncle qui y tenait une maison de commerce.
Il n’y a pas d’information supplémentaire qui permette d’identifier cet oncle, mais il s’agit vraisemblablement de Bernard PAUZAT (n°1181)[5], l’ainé et le seul des trois oncles de J-B dont il n’a pas été possible de trouver, à ce jour, une trace de sa descendance en France.

début de sa demande (écrite à la 3e personne)
Rappelons que J-B est le cinquième enfant d’une famille qui en comptait six, et qu’il est le seul petit-fils à qui son grand-père Jean PAUSAT (n°334) lègue[6] en 1781 la somme de 75 livres :
« Item, a dit ledit testateur, qu’il laisse et lègue à Jean-Baptiste Pausat, son petit-fils, une somme de soixante-quinze livres, au-delà des droits de légitime qui pourront lui …..»
Ceci semblerait signifier qu’à cette date, mais ce n’est qu’une hypothèse, le projet de se rendre plus tard à Cadix, pour y rejoindre l’un de ses oncles, serait peut-être déjà envisagé au sein de sa famille et que cette somme devait l’aider dans cette future entreprise, ceci alors qu’il n’a que 11 ans !
En 1786, à la veille de la Révolution française, J-B, profitant de l’une des filières existantes, partit donc à Cadix, vraisemblablement accompagné d’autres béarnais comme lui, et a priori sous la responsabilité de l’un d’entre eux plus expérimenté, comme c’était alors l’usage[7].

Parmi ses compagnons de voyage, peut-être des héritiers de grandes familles de négoce, mais des études récentes montrent que :
« la majorité des ressortissants français recensés dans le padron[8] de 1791 sont issus des petites vallées pyrénéennes qui rayonnent autour de Pau. D’un niveau économique bien moindre que celui des grandes firmes, ils répondent à des logiques migratoires que l’on devine être très différentes et beaucoup plus proches de celles qui animent les migrants contemporains : attraction des hauts salaires gaditans[9], illusion de la richesse d’une ville dans laquelle transite la quasi-totalité de l’argent consommé en Europe, mirage d’un enrichissement qu’on espère rapide, existence de filières extrêmement localisées (Oloron, Sorholus) … autant de facteurs qui expliquent cet afflux ».

La baie de Cadix et vue sur la ville au soleil couchant, face à l’Atlantique.
J-B resta à Cadix avec son oncle jusqu’en 1793, soit pendant 7 ans environ pendant lesquels, il apprit son métier de négociant et fit la connaissance, a priori, de correspondants installés au Mexique, constituant ainsi un réseau d’affaires qui lui facilitera plus tard son établissement dans ce pays.
La date de son départ de Cadix n’est pas fortuite, elle correspond à la déclaration de la guerre entre la France et l’Espagne. « Après 1789, la situation des Français se dégrada radicalement en réaction à la ­Révolution française, ils furent l’objet de nombreuses mesures vexatoires et furent finalement expulsés du pays en 1793, lorsqu’éclata la guerre de la Convention[10] (1793-1795) ».

Remarquons que les termes utilisés dans sa demande « l’anarchie qui désolait sa patrie en 1793 » sont ambigus, car ils laissent supposer qu’il s’agit de troubles ayant eu lieu en France[11], alors que très certainement ce sont ceux ayant lieu à Cadix qui sont la cause de son départ.
Il quitte donc l’Espagne à 23 ans, pour se rendre directement à Veracruz où il se mariera et restera 9 ans jusqu’en 1822.
Le mystère reste cependant entier sur l’origine de sa fortune, a-t-elle débuté à Cadix ? A-t-il hérité de son oncle avant de quitter Cadix ? Ou tout simplement, ayant fait quelques économies, il les a fait fructifier au Mexique.

Pour conclure, signalons que nous n’avons aucune information sur son oncle, ni s’il a quitté lui aussi l’Espagne. Cependant, dans le cas où il ait choisi d’y rester, rappelons, comme nous l’avions évoqué dans un article précédent[12] qu’il exista un Bernardo PAUZAT à Madrid au début du siècle précédent, s’agirait-il d’un petit-fils du premier ?


[1] Désormais identifié : J-B
[2] Voir l’article, sur ce blog, du 30/06/2011
[3] L’Espagne du XVIIIe siècle n’a pas une structure économique suffisamment solide pour assumer la responsabilité de ce commerce : son industrie est incapable d’alimenter les marchés coloniaux, son capitalisme n’est pas assez dynamique pour financer les coûteuses expéditions maritimes. Le recours à des compétences étrangères s’impose pour assurer le bon fonctionnement de la Carrera de Indias, la route du commerce colonial.
[4] Armateurs habilités à « charger » pour les Indes
[5] En 1781, lors du testament de son grand-père, selon les déclarations de ce dernier, J-B avait 3 oncles encore en vie : Bernard (né en 1735 et marié à Marie Poueymirou d’Angous), Jean (né en 1742, marié à Élisabeth Bayres d’Arette) et Jean (né en 1746, marié à Marie Salanave d’Arette).
[6] Voir l’article du 05/10/2011 : le testament du laboureur Jean PAUSAT d’Issor
[7] « Le départ n'est pas une aventure. Les émigrants, dans leur grande majorité, sont jeunes, aux environs de 25 ans, et célibataires. Ce ne sont pas les plus pauvres, car pour s'en aller il leur a fallu réunir quelque argent. Ils se groupent pour faire le voyage «sous la direction d'un ancien qui connaît le chemin, les étapes et le lieu de destination». Ce voyage, entrepris généralement entre février et novembre, peut durer 3 à 4 semaines. À son arrivée le jeune Limousin n'est pas davantage isolé: son groupement professionnel, qui dispose d'une caisse commune, le prend en charge et lui procure du travail; il retrouve en outre, soit parmi ses compagnons, soit ailleurs, des compatriotes de son village ou de localités voisines, des amis, souvent des parents ».
[8] Recensement effectué à Cadix pour y comptabiliser les étrangers.
[9] Habitants de Cadix
[10] On sait qu’en mars 1793, dans les jours qui suivirent la déclaration de guerre de la France à l’Espagne, le gouvernement espagnol prit des mesures de représailles à l’encontre des marchands français résidant dans la Péninsule qui, deux ans plus tôt, avaient refusé de prêter le serment de fidélité à Charles IV exigé de tous les étrangers vivant en Espagne : leurs biens furent saisis et ils furent expulsés du territoire espagnol.
[11] En 1793, Louis XVI est exécuté et c’est le début de la Terreur
[12] Article du 29/12/2011 : « les Pauzat en Espagne
»

2 mai 2013

Les compagnons de rivière

Poursuivant la recherche de nouveaux individus portant notre patronyme afin d’enrichir la base de données généalogique des Pauzat, je trouve de plus en plus de familles ayant vécu hors des frontières de l’Occitanie. 
Ce fait semblerait normal, s’agissant d’individus ayant migré et dont nous aurions identifié les ascendants comme étant d’origine occitane, mais ce n’est pas le cas, car il s’agit de familles répertoriées dans les premiers registres paroissiaux (milieu du 17e siècle) et dans des régions situées au nord de l’Occitanie. 
Ceci signifie que ces familles portant notre patronyme n’ont aucun ascendant que l’on puisse connaître, puisque ces derniers vécurent entre les 11/12e siècle (apparition des surnoms) et la création de ces registres[1]
Malgré ce handicap, pouvons-nous supposer que ces individus ont malgré tout une origine occitane, comme le laisse supposé l’appartenance linguistique de leur patronyme à la langue d’oc? 
Afin de tenter de répondre à cette question, nous étudierons, le cas d’individus recensés au sud de Paris à la fin du 17e siècle, donc hors l’Occitanie et loin de ses frontières les plus proches du Limousin ou de l’Auvergne (voir la carte ci-dessous). 


Nous avions déjà signalé à cette même période un cas semblable de quelques individus habitant dans l’Yonne (communes de Vallery et de St-Valérien), leur patronyme s’écrivant d’ailleurs Pausat mais aussi Pousat ou Pouzat[2]
Il en est de même pour ceux recensés dans le Loiret, département voisin (communes d’Amilly, Bromeilles, Châlette-sur-Loing, Courtenay, Ferrières, Lombreuil, Montargis, Pannes) et qui se nomment quasiment tous Pousat ou Pouzat, ceci laissant entendre qu’il s’agirait d’une seule et même branche, située à cheval sur ces deux départements.
Nous savons que les migrations de population furent relativement importantes. Une étude[3] sur ce sujet a permis d’établir des cartes migratoires (voir l’exemple ci-dessus pour le bassin de la Garonne au 15e siècle). Ceci en se basant uniquement sur l'information géographique du surnom. 
Dans notre cas, pour un individu ayant vécu à cette époque en dehors de l’Occitanie, la seule façon d’établir un lien avec celle-ci, en dehors de la racine occitane de son surnom, est de trouver une raison vraisemblable qui l’aurait amené à migrer, sans pouvoir aujourd’hui, malheureusement, en assurer la validité. 
Le contenu des actes paroissiaux des individus recensés dans le Loiret, plus précisément au village de Châlette-sur-Loing, au nord de Montargis, nous en fournit une, celle du métier pratiqué, lisons : 

- Edmé POUZAT (n°3116), né vers 1666, compagnon de rivière, marié à Catherine RAGE. Il décède à Châlette-sur-Loing le 09/12/1712 à l’âge de 46 ans, la même année que celle de la naissance de son fils François (n°3118).
- Madeleine ou Magdeleine POUZAT (n°3112), née vers 1680, mariée en 1702 à Châlette-sur-Loing à Anthoine CORBASSON, dont deux de ses fils furent mariniers.
- Madeleine ou Marie, Magdeleine POUZAT (n°3128), est-ce la même que la précédente ? née vers 1690, mariée à René ou Pierre PICARD, compagnon de rivière, elle décède à Châlette-sur-Loing le 21/09/1762 à l’âge de 72 ans.

La similitude des métiers « d’eau » pratiqués par ces familles suggère que leur présence dans cette région est liée à une activité spécifique, celle du transport de marchandises par voie fluviale. Serait-ce là la raison qui aurait poussé ces individus ou leurs parents à venir s’installer dans cette région ? 
Rappelons que dans un article précédent[4], nous avions déjà émis l’hypothèse qu’un berceau, en l’occurrence celui de la Gironde (centré sur Vayres et Arveyres, villages situés au confluent de la Dordogne), avait sans doute un lien direct avec celui du Limousin, suite à la migration de quelques individus qui exerçaient le métier de marinier et convoyaient sur la Dordogne les marchandises provenant de leur région d’origine, principalement le bois (nécessaire aux charpentes des navires et à la confection des tonneaux). Ainsi, les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous pourrions nous trouver dans une situation analogue, cette fois-ci orientée au nord, mais vers quel pôle d’attraction ? 
Si nous nous plaçons dans le contexte de cette époque, nous nous apercevons que les voies fluviales constituaient pour l’ensemble du territoire, le moyen le plus rapide et le plus efficace pour le transport de marchandises de grand gabarit comme le bois. Ces voies jouaient alors le rôle de nos autoroutes actuelles, étant donné qu’il n’existait pas en France d’infrastructures routières fiables pouvant les concurrencer. Donc à cette époque, l’équivalent de nos routiers ou camionneurs était des « voituriers » ou d’autres métiers d’eau comme les compagnons de rivière, appelés plus tard après 1789, des flotteurs[5]. Ce constat étant fait, examinons maintenant la raison qui pourrait conforter notre hypothèse, à savoir l’existence d’une activité assez attractive pour nécessiter le regroupement d’un nombre important de personnes pratiquant ces métiers. 
Pour cela, citons :
« Bien avant le 16e siècle, un problème crucial angoissait Paris : celui de son approvisionnement en bois "de chauffe et de four". Les forêts avoisinantes étaient saignées à blanc. Restaient celles du domaine royal, mais celles-ci étaient réservées à la chasse, intouchables... Le développement de la capitale était compromis.
C’est ainsi que l’on pensa au Morvan[6] pour alimenter la capitale et au transport par flottage pour acheminer le bois (bûches de 3 pieds 6 pouces :1,14m). Ce dernier aurait pu venir du Massif central, mais il fallait l’existence de rivières navigables à proximité des lieux d’abattage des arbres, ceci n’étant possible qu’à partir de Clamecy[7] ». 
Flottage sur l’Yonne 
Par conséquent, la population du Limousin et/ou d’Auvergne attirée par ce besoin de main-d’œuvre et des salaires sans doute plus rémunérateurs n’avait d’autre solution que celle de se rendre sur les lieux d’abattage des arbres, c’est-à-dire dans le Morvan. 
Il est donc naturel que des PAUZAT (mais surtout des POUZAT) quittassent leur région natale pour aller chercher du travail sur les rives de l’Yonne ou du Loing[8]

[1] Cette période est pour toujours la « face cachée » de l’apparition et du début de l’existence de notre patronyme
[2] Voir l’article du 01/03/2011 : Les Pouzat sont-ils des Pauzat qui s’ignorent ?
[3] Voir sur le WEB l’étude : « Mouvements de population dans le midi de la France du 11e au 15e siècle » d’après les noms de personne et de lieu, de Charles Higounet.
[4] Les bateliers de La Dordogne, du 18/10/2010
[5] Ce métier débutant dès 1549 perdurera jusqu’à la fin du 19e siècle
[6] Région montagneuse de France, formant la bordure nord-est du Massif central.
[7] Ville en bordure du Morvan, au confluent de l’Yonne et du Beuvron, sur le canal de Nivernais.
[8] Le Loing est une rivière de France, affluent de la rive gauche de la Seine, dont le cours long de 166 km traverse les départements de l'Yonne, du Loiret et de Seine-et-Marne.

6 avril 2013

Le poisson de Zuñigá


Sacrifiant à une ancienne tradition, j’ai succombé lundi dernier à la tentation de faire aux lecteurs de ce blog un « poisson d’avril ».

Pour ceux qui m’ont cru, j’espère qu’ils ne m’en voudront pas trop.

Rappelons que :
« cette tradition trouverait son origine en France, en 1564. La légende veut que jusqu’alors, l’année ait commencé au 1er avril (en fait le 25 mars correspondait selon le calendrier julien au Jour de l'an), à la fête de l'Annonciation à Marie avec la tradition de s'échanger des cadeaux. Mais le roi de France Charles IX décida, que l’année débuterait désormais le 1er janvier, marque du rallongement des journées, au lieu de fin mars, arrivée du printemps.
Si l’origine exacte de l’utilisation des poissons reste obscure (peut-être l’ichthus chrétien), il semble que beaucoup de personnes eurent des difficultés à s'adapter au nouveau calendrier, d'autres n'étaient pas au courant du changement et continuèrent à célébrer le 1er avril selon l'ancienne tradition. Pour se moquer d'elles, certains profitèrent de l’occasion pour leur remettre de faux cadeaux et leur jouer des tours. Lorsque les blagues se développèrent, l'un des pièges les plus courants était l'offrande de faux poissons. Ainsi naquit le fameux poisson d’avril, le jour des fous, le jour de ceux qui n’acceptent pas la réalité autrement ».
Quelques « poissons d’avril » récents dans le monde :
- En 1980, la BBC rapporte qu'il est envisagé de remplacer l'horloge de Big Ben par une horloge digitale
- En 2008, sur internet, Google nous fait croire qu'il s'est engagé avec Virgin Mobile pour aller sur Mars,
- en 2009 : le site Clubic annonce le téléchargement de sandwich.
- Le site Bières et Plaisirs annonce que des chercheurs américains ont inventé une bière avec la mousse qui descend au fond du verre.
- A la télévision, La RTBF annonce la réintroduction de l'ours dans les forêts ardennaises, notamment dans la région d'Andenne et de Neufchâteau.
- Une autre fois, la RTBF présente un faux reportage avec la complicité d’un scientifique réputé membre du GIEC. L'UCL aurait mis au point un nouveau biocarburant, le bovinol, à base du méthane produit par les bovins. Une expérience de collecte aurait déjà eu lieu dans une ferme wallonne et la Stib aurait équipé un bus pour rouler au pet de vache.
Etc.
Remarque : cette tradition existe aussi en Catalogne, mais le 28 décembre.
Donc, aujourd’hui, nous n’avons pas encore d’information sur Jean-Baptiste Pauzat Zuñiga et son mystère reste toujours entier. 
À bientôt sur ce blog, pour de prochains articles plus raisonnables.

1 avril 2013

Les diamants de Zuñigá

La médisance est un vilain défaut, après avoir sous-estimé l’efficacité et la bonne volonté des Archives nationales de Paris Pierrefitte, j’ai eu l’heureuse surprise de recevoir un courrier recommandé contenant une copie du document rédigé par Jean-Baptiste PAUZAT ZUNIGA !
Le voile sur le mystère de son parcours au Mexique se lève enfin :
Après avoir quitté sa famille et son Béarn natal, il se décida à traverser l’Atlantique à la recherche d’un avenir plus prometteur. 
Arrivé au port de Veracruz, il se rendit à l’intérieur des terres dans le village de Pescado, où il apprit que des diamants avaient été découverts plus à l’ouest. C’est ainsi que dans un lieu nommé Zuñigá, il trouva suffisamment de ceux-ci pour revenir à Veracruz, assez riche pour débuter un commerce fructueux avec le continent. Plus tard, surnommé Pauzat de Zuñigá, il se maria avec la fille d’un notable espagnol installé au Mexique, Jeanne TORRES I. MILLAN. 
Ainsi fut l’aventure de notre Béarnais, fuyant les troubles de la Révolution française et la dure destinée réservée aux cadets des familles non fortunées de cette époque.




2 mars 2013

À la recherche de l'arche perdue

Soit dans notre cas, à la recherche de l’origine du parcours de vie du béarnais Jean-Baptiste Antoine Pauzat[1]

L’ordonnance royale du 3 novembre 1825 l’autorisant à ajouter à son nom celui de Zuñiga, « sous lequel il est connu et désigné depuis de nombreuses années », présuppose l’existence d’une demande qu’il aurait faite dans ce sens quelque temps auparavant.

Indication donnée par l’inventaire de ses biens en 1839
Cette dernière, ayant été conservée, se trouve actuellement à Paris aux Archives Nationales sous la cote BB/11/233. D’où l’intention de retrouver ce manuscrit et ainsi de connaître les motivations de l’adjonction du nom Zuñiga à son patronyme, et de permettre, ainsi a priori, de lever le voile sur la première période de sa vie d’adulte. 
Après une première demande faite aux Archives Nationales en juillet 2012, cette opportunité a été reportée au début de l’année 2013, du fait du déménagement de ces archives dans ses nouvelles installations de Pierrefitte-sur-Seine. Ce nouveau site, récemment inauguré par le Chef de l’État, a été l'occasion de repenser les outils informatiques utilisés par les Archives nationales, en vue de leur modernisation, supprimant l’ancienne procédure jugée inadaptée, citons « Ceux qui se sont déjà déplacés aux Archives Nationales connaissent la complexité des procédures ».
La nouvelle entièrement informatisée est articulée sur une Salle des Inventaires Virtuelle, baptisée SIV. Pour ceux qui ne peuvent se déplacer à Paris, quelle joie d’avoir la possibilité de faire une demande à distance pour accéder à la reproduction d’un document.

Hélas, que devait être la complexité de l’ancienne procédure si la nouvelle apporte une amélioration : La SIV apparaît sous la forme d’un labyrinthe, où une fois qu’on y pénètre on ne peut plus en ressortir. De temps en temps, un message laconique adressé par courriel vous indique où vous en êtes et vous conseille de continuer le parcours. Mais aucune possibilité de demander son chemin, la communication furtive avec le personnel qui vous a adressé le message se clôt aussitôt, il faut donc continuer à errer seul. Cependant, comme dans les labyrinthes, on se retrouve toujours à passer par le même endroit, avec sous les yeux les mêmes formulaires, moult fois remplis et toujours sans réponse.
Je n’ai ni la compétence d’Indiana Jones ni sa réussite pour surmonter les difficultés de cette recherche, j’aurai aimé pouvoir donner aux lecteurs de ce blog le contenu du document recherché, mais aujourd’hui, je peux affirmer que si ce labyrinthe n’était pas virtuel, mon squelette serait en train de se dessécher dans ce SIV !

message : « Recherche Indiana Jones pour effectuer une mission aux Archives Nationales »

Je reste songeur sur l’inadaptation de ce système au besoin qu’il est sensé remplir. Si les sites de vente par internet comme Amazon étaient programmés selon les mêmes règles, ils seraient depuis longtemps en faillite !

Je rêve pourtant du jour, où je pourrai effectuer une demande à distance à ces Archives Nationales avec la même facilité que je commande mes capsules de café sur internet : en cinq minutes cette commande est réalisée, j’ai payé par paiement sécurisé et deux jours après, on me les livre à domicile !

À l’évidence ce système d’information n’a pas été conçu pour prendre en compte les besoins du « Client » éloigné. Il a sans doute reproduit l’architecture du système ancien, orienté pour satisfaire les besoins des archivistes, professeurs et chercheurs, mais n’a pas anticipé le tsunami des généalogistes amateurs, aujourd’hui majoritaires en nombre, n’ayant pas la possibilité de se déplacer, et qui ont désormais la possibilité, grâce à internet, de franchir le pont-levis maintenant baissé de la citadelle. 


Sera-t-il nécessaire de me rendre à Paris pour entreprendre directement cette recherche ? Ou peut-être qu’un Indiana Jones ayant déjà affronté avec succès le SIV m’aidera à sortir victorieux de ce labyrinthe, nous permettant enfin de connaître la part encore inconnue de la vie de notre Jean-Baptiste Pauzat Zuñiga.


[1] Voir les articles qui lui sont consacrés dans ce blog, le dernier étant celui du 29/07/2012

30 janvier 2013

les Pauzat douaniers

Les informations contenues dans les archives des douanes nous permettent aujourd’hui de connaître un peu mieux nos ancêtres douaniers. 
Sans doute la proximité d’une frontière, dans ce cas avec l’Espagne, fait que la majorité de ces derniers recensés à ce jour et portant notre patronyme sont natifs de la vallée de Barétous en Béarn et plus particulièrement d’Issor et d’Arette. 
C’est ainsi qu’ils partirent travailler au Pays basque voisin, comme ce fut le cas de mon aïeul Étienne PAUZAT (n°8) dont je prendrai le parcours professionnel comme fil conducteur de cet article. 

Mais auparavant, rappelons succinctement que « la douane ne sera considérée comme une institution publique qu’à  la Révolution française. À partir de 1815, l'installation durable du protectionnisme assure à la douane une place de premier plan dans l'appareil d'État.
Les agents des brigades, de loin les plus nombreux, sont organisés militairement. Armés, souvent casernés, ils portent l'uniforme. La discipline, très stricte, régit même certains actes de leur vie privée : mariage, déplacements, etc. Leurs conditions de travail sont dures et leurs rétributions assez faibles. Les brigades comptent dans leurs rangs beaucoup d'anciens militaires et de parents de douaniers ».
fouille des pacotilleuses[1]             douaniers en embuscade 

Examinons maintenant la carrière de mon aïeul, douanier au Pays basque. 
Étienne PAUZAT, né à Arette en 1860 au moulin Vigneau, est le septième d’une famille de 13/14 enfants[2]. Adolescent, il est tailleur de pierres, puis en novembre 1881, il part faire son service militaire. Il est incorporé au 78e Régiment de ligne, d’abord soldat de 1ère classe, puis caporal en 1882, il est sergent en 1884, enfin il quitte l’armée en septembre 1885. 
Son signalement est le suivant :
- cheveux et sourcils blonds, yeux bleus et fossette[3],
- taille : 1,55m, nez gros, bouche grande, front découvert, visage rond 

À la fin de son service militaire, peut-être recommandé par le mari de Marie-Thérèse PAUZAT, officier des douanes (voir plus bas), il est candidat pour être douanier. Il passera un examen médical où on constatera que : « le candidat est d’une bonne constitution et apte à supporter les fatigues du métier ». 
Cependant, il échouera à cette première tentative, pour motif : « pas assez lettré », sans doute au cours d’une dictée baptisée : « Spécimen d’écriture du postulat Pauzat » révélant ses lacunes en orthographe. Après cet échec, il suit des leçons particulières pour « perfectionner son instruction » et demande la permission de repasser cette épreuve, ce qu’on lui accordera, car ayant a priori réussi, le 1er avril 1887, il devient préposé des douanes à St-Jean-de-Luz, son traitement (annuel) sera de 900 francs[4]
- En 1888, il est en poste à Louhossoa[5] et se marie avec Anne HALET, couturière à Biarritz, fille d’un préposé des douanes à la retraite (tous les témoins qui signent l’acte de mariage, sauf un jardinier, sont douaniers). Auparavant, il a exposé une demande d’autorisation de se marier à ses supérieurs, en fournissant un certificat de moralité de la future.
- En 1889, il est noté : « sert et se conduit bien, belle représentation, a besoin d’apprendre le service en campagne ».
- Au mois d’avril 1890, il est toujours à Louhossoa où naîtra sa première fille Marie Joséphine.
En novembre 1890, il exerce à la gare d’Hendaye. Il est jugé ainsi : « préposé soumis et exact, belle tenue, belle représentation, ancien sergent »
- Le 6 janvier 1891, il fait une chute sur la voie en pleine nuit (noire), « aveuglé par le reflet des lanternes situées sur le quai, il heurte le tampon d’un wagon. Il est resté quelque temps sans pouvoir recouvrer ses esprits, mais a ensuite repris son service jusqu’à 09h du matin ».
- En 1892, toujours en poste à la gare d’Hendaye, il est noté : « assez bon agent, un peu mou, bonne conduite, peu d’instruction », son traitement est alors de 950 francs[6].
C’est cette année et dans cette ville que naîtra son fils Jean, mon grand-père.
- En juin 1893, il est puni « d’un avertissement », pour « avoir été vu par le capitaine vers 11h du matin, traverser les voies de garage, étant en tenue, et porteur d’un fagot de bois pour le compte d’une personne étrangère à l’administration ». En fait, ce fagot « composé d’une vingtaine de piquets pour les tomates », appartenait à un chauffeur voisin qui l’avait laissé près d’un aiguillage, et la manœuvre avait pour objet de déplacer ce fagot en dehors des voies, selon les déclarations d’Étienne.
- Le 1er août 1894, il est nommé de nouveau à Louhossoa où il restera jusqu’à la fin de 1899. Les commentaires de sa hiérarchie à son sujet sont quelque peu mitigés : « assez bon agent, un peu mou et peu discret, boit quelque peu – tenue passable, a besoin d’être suivi de près ». Heureusement, ce jugement sera beaucoup plus favorable en 1895, où les louanges qui lui seront accordées justifieront qu’il soit proposé 1ère classe !
Sa seconde fille Pascaline naîtra à Louhossoa en octobre 1895.
Un an plus tard, son traitement est de 1050 francs. 
- En juin 1899, il est récompensé par un « témoignage de satisfaction » pour : « son attitude énergique qui a contribué à l’arrestation de 4 malfaiteurs »
- En avril 1900 il est toujours préposé des douanes et est nommé en poste à Biarritz où il restera jusqu’en 1908, son traitement passera alors de 1100 francs à 1200 francs
- En juin 1905, il est récompensé par un « triple encouragement » pour : « au retour d’une embarcation qui venait de conduire un pilote à bord d’un paquebot, a visité le sac d’un matelot et y a saisi 95 paquets (4 kilos) de tabac français d’exportation ».
- En juillet 1907, il contracte une « maladie » durant son service, en l’occurrence « une congestion ayant causé un état syncopal d’une durée de cinq heures environ, celui-ci ayant été provoqué par la fraîcheur de la nuit ». En fait, il devait « s’embusquer » du côté du port vieux à Biarritz de 11h du soir à 3h30’ du matin par « un temps clair et chaud » et vers 01h, le vent ayant tourné au nord, le temps est devenu brumeux et frais, ce qui a provoqué d’abord des maux de tête, les jambes chancelantes, puis le malaise précité
 ».
- En janvier 1909, il est récompensé par « un encouragement », pour : « s’être empressé de déclarer au bureau de police de sa résidence qu’il avait trouvé sur la voie publique une petite montre en or »
- En octobre 1909, il prend sa retraite à l’âge de 49 ans, après 22 ans et 6 mois de service.

Pour information, j’ignore le lieu et la date de son décès. Cependant, une photo le montrant chez lui avec sa femme et ses trois enfants devenus adultes, laisse supposer qu’il a passé en partie sa retraite à Biarritz ou peut-être Bidart. 

Pour terminer, voici quelques PAUZAT (tous du Béarn, à l’exception du dernier) ayant un lien direct ou indirect avec le métier de douanier :
- Catherine PAUSAT (n°201), née à Arette en 1800, mariée en 1823 à Jean BARROUILLET-BERGÉ (labour, militaire retraité), a un fils Vincent-Thomas en 1834 qui sera douanier sous-brigadier[7]
- Marie-Thérèse Amélie PAUZAT (n°244), née à Issor en 1848, se marie avec Charles MOISSON, officier des douanes (Capitaine).
- Grat PAUZAT (n°339), né en 1873 à Arette, marié avec Marie HOURCATTE (couturière) est préposé des douanes à Dunkerque de 1898 à 1901, à Bayonne en 1905, résidant à Urdos en 1901 et 1905, il prendra sa retraite à Licq Atherey à partir de 1927 ou 1929.
- Jean-Pierre PAUZAT (n°233), né en 1884 à Arette (cheveux blonds et yeux gris), cultivateur puis douanier, préposé à Dunkerque en 1909, Issassou en 1912/13, Hendaye (gare) de 1919 à 1929, il habite Cambo en 1928. En 1919, il se retire à Arette
- Jean-Louis PAUZAT (n°31), né en 1886 à Arette (yeux gris foncé) maçon, recruté à Pau en 1907, classé affecté spécial des Douanes comme préposé douanier à Villerput (54), mobilisé durant la guerre 14/18, caporal 13e Cie du 289e régiment d'infanterie, il décédera le 02/06/1918 à Pierrefonds à l’âge de 32 ans, dans l'ambulance des suites de ses blessures de guerre – il figure sur les monuments aux morts de Lanne en Barétous (64) et d'Arette.
- Noël PAUZAT (n°37), né en 1895 à Arette, maçon en 1915, Sous-brigadier des douanes à Urrugne en 1923, Cambo en 1928, Bordeaux en 1936
- Eugène PAUZAT (n°873), né en 1895 à Ladignac-le-Long, Agent des douanes, a résidé à Villiers-sur-Marne (94350) et à Ladignac-le-Long. C’est le seul qui ne soit pas du berceau béarnais.

[1] Pacotilles : Assortiment de marchandises diverses destinées au troc en pays lointains
[2] Son père Ambroise PAUZAT, est garde champêtre du même village, pensionné militaire, suite à une blessure et à des infirmités graves, ce qui ne l’a pas empêché d’avoir (paraît-il) 13/14 enfants, dont seulement 9 sont identifiés à ce jour, mais il semblerait que certains ne furent pas déclarés à la naissance !!
[3] Traits physiques que l’on retrouvera plus ou moins dans tout l’arbre généalogique de la branche « LAGRAVE »
[4] Quelques salaires moyens en 1890 dans le département de la Seine :
Cochers, conducteurs d'omnibus, camionneurs : 5,75 francs par jour pour 16 heures de travail (soit 18,42 euros, valeur 01/01/2002).
Employés de bazars : 5 francs par jour pour 15 à 17 heures de travail, selon la saison et les exigences de la vente.
Garçons de café et de restaurants : ne sont pas payés et vivent seulement de leurs pourboires, ils travaillent 16 heures par jour de huit heures à minuit.
Aiguilleurs des chemins de fer : 900 à 1000 francs par an pour 15 à 16 heures de travail par jour.
Ouvriers de l'industrie privée : 4,85 francs par jour (soit 15,54 euros, valeur 01/01/2002).
Ouvrières de l'industrie privée : 2,46 francs par jour.
Facteurs : 600 francs par an pour des tournées à pied de 28 kilomètres en moyenne (40 km pour certains) auxquels s'ajoutent un vêtement et deux paires de chaussures.
Chemisières, lingères et couturières : 2 francs par jour.
Femmes de ménage : 1,50 franc par jour.
[5] Louhossoa fait partie de la province basque du Labourd, proche de la frontière espagnole (10 km) et à une demi-heure par la route de la côte basque.
[6] Le dossier d’Étienne PAUZAT contient des documents manuscrits de ses supérieurs, montrant qu’ils faisaient intervenir le préfet et/ou le député pour « faciliter » la promotion de leur candidat.
[7] L’équivalent dans l’armée au grade de caporal, le brigadier étant à celui de sous-officier