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31 janvier 2014

La survie de notre patronyme est-elle en péril?

Examinons un instant la question de savoir si, après avoir survécu depuis des siècles[1], notre patronyme risque de disparaître, faute de descendance masculine.

Ce phénomène n’est pas rare et des études montrent qu’en France, au 20e siècle, donc sur une période de 100 ans, sur 1.329.359 noms de famille différents répertoriés, 500.000 ont disparu pendant cette même période par non-transmission par les porteurs.
Si l’on estime, tous pays confondus, à environ 500/600 individus le nombre des contemporains se nommant PAUZAT, on peut se demander si ce chiffre ne se situe pas sous la barre fatidique sous laquelle son extinction est mathématiquement programmée.

En effet, si on extrapole la théorie scientifique appliquée pour les espèces animales[2], on pourrait comparer la situation de ce patronyme à celles du lynx d’Espagne ou du crocodile du Siam !
Mais qu’en est-il vraiment ?

Notre nom de famille n’est pas en effet aussi courant que MARTIN (environ 236.000 individus) classé 1er en France, suivi des BERNARD, DUBOIS, THOMAS, etc.
Selon les mêmes sources, notre patronyme se classe autour du 30.500ème rang et le total des personnes portant ce nom serait d’environ 300.
Cependant, si l’on compare ce dernier chiffre avec celui estimé à sa création qui devait être de l’ordre d’une ou deux dizaines[3], puis d’une centaine vers 1600, on constate une progression lente, mais pas de régression.

Pourtant, si l’on se réfère aux critères appliqués aux espèces animales, la loi générale est celle du seuil des 50/500 :
- 50 individus suffiraient à éviter la dépression consanguine : ce qui n’est pas à prendre en compte dans notre cas, les PAUZAT ayant la possibilité et même l’obligation (sévèrement surveillée par le clergé durant l’Ancien Régime, les dérogations étant rares[4]) de se marier avec des personnes du sexe féminin dont les liens du sang sont différents du leur[5].
- 500 suffiraient à conserver un potentiel évolutif : « Sous la barre d'un total de 500 individus, la population est considérée comme ne pouvant survivre dans la nature ».

Ainsi, si l’on se réfère à ce qui précède, notre patronyme aurait dû disparaître depuis plusieurs siècles, étant inférieur à ce chiffre. Pourtant, ce ne fut pas le cas.
Par conséquent, pourquoi s’inquiéter après plusieurs siècles d’une situation que nos ancêtres ont affrontée avec succès?

Ils ont su transmettre ce surnom à leurs enfants jusqu’à nous, et ceci malgré des périodes difficiles (conflits armés, épidémies, disettes, etc..)[6], sachant qu’à 20 ans, plus de la moitié sont déjà morts ! Rappelons qu’à son décès, Louis XIV avait perdu pratiquement toute sa famille, malgré son statut de privilégié.
Une des réponses est sans doute dans le nombre important d’enfants que chaque couple procréait, la moyenne était plus grande qu’aujourd’hui. Si actuellement celle-ci est légèrement supérieure à 2, elle était de 4,5 au 18e siècle et sans doute encore plus importante auparavant.

Par curiosité, prenons des exemples dans notre généalogie et examinons ce qu’il est advenu de la descendance de deux couples « performants » pour vérifier si le nombre d’enfants mâles, au bout de plusieurs générations, s’est accru ou a diminué.
Donnons la priorité au Béarn et à mon ancêtre Ambroise PAUZAT. Il est né en 1821 et malgré les séquelles d’une grave blessure survenue durant son service armé, il se marie en 1845 avec Élisabeth LAGRAVE et a une descendance de 13 enfants supposés[7], dont je n’ai identifié que 9 d’entre eux, dont 7 garçons.
Aujourd’hui, après 5 générations et durant une période où la mortalité infantile a régulièrement baissé de façon significative, il n’y a qu’un seul descendant mâle susceptible de perpétuer notre patronyme !

Étudions maintenant un autre cas, celui d’Henri PAUZAT, issu de la branche Castelnaudary, venu s’installer à Marseille comme pêcheur et patron de ponton en 1769.
Il a 5 enfants, tous des garçons, mais quatre meurent de mort violente dont François Barthélémy décédé en 1792 à Paris, lors de l’assaut des Tuileries.
Un seul survit pour assurer la descendance, ce qu’il fait avec brio ayant 11 enfants, dont 8 garçons qui auront à leur tour 32 enfants ! L’avancement de mes recherches ne me permet pas de savoir le nombre exact des PAUZAT contemporains composant la branche marseillaise actuelle, mais nous pouvons penser que la survivance de notre patronyme est a priori assurée pour cette branche.

En conclusion, il est difficile de tirer un enseignement clair de ces exemples. Le fait que notre nombre sur cette terre a lentement augmenté dans le temps est de bons augures. Les progrès de la médecine compensent la diminution actuelle du nombre d’enfants et la conjonction de ces deux facteurs fait que la probabilité de la survivance de notre patronyme reste sans doute à peu près la même qu’auparavant.

Attendons donc encore un siècle ou deux pour le vérifier !

[1] voir l’article du 14/09/2010, relatif au surnom PAUSAT
[2] théorie appelée biologie de la conservation qui évalue, pour une population et dans un certain contexte la population minimale viable, laquelle ne dépend pas que du nombre d'individus, mais aussi de la dispersion des individus, leur capacité à se rencontrer et à se reproduire
[3] dont les descendants, identifiés au début de la rédaction des actes paroissiaux et vivant par groupes géographiquement proches, constituent ce que j’ai appelé les berceaux : Limousin, Béarn, etc.
[4] En 1215 le concile de Latran IV réduit de 7 à 4 le nombre de degrés créant un obstacle au mariage dans la parenté. On calcule les degrés en comptant le nombre de générations jusqu'à l'ancêtre commun. En cas de dispense pour consanguinité, la demande était faite à l'évêché du diocèse, et à Rome pour le 2e degré. Dans tous les cas, il s'agissait de démarches payantes...
[5] Il existe tout de même 2 ou 3 cas où les deux conjoints se nomment PAUZAT, certainement que leurs degrés de parenté furent examinés avec soin.
[6] Au XVIIIe siècle en France, près d'un nouveau-né sur trois mourait avant d'avoir atteint son premier anniversaire, victime le plus souvent d'une maladie infectieuse. La situation change à la fin du XVIIIe siècle : la mortalité infantile se met à baisser rapidement et, vers 1850, la mort ne frappe plus qu'un nouveau-né sur six.
[7] On m’a indiqué que parfois les parents « oubliaient » de déclarer officiellement leur enfant, est-ce le cas ?