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22 avril 2021

Les PAUSAT en armes du berceau Languedoc – Noël PAUSAT

Relatons maintenant l’histoire de celui des « PAUSAT en armes du berceau Languedoc » que nous n’avons pas encore évoqué.
Après celles de la descendance de Pierre PAUSAT dit Languedoc et de Germain PAUSAT, découvrons maintenant le parcours de leur frère cadet Noël PAUSAT.

Rappelons que cet article fait suite à ceux publiés précédemment sur ce thème :
- Article du 14/07/2020 : Préambule
- Article du 15/07/2020 : Pierre PAUSAT dit Languedoc.
- Article du 19/10/2020 : Henry PAUSAT
- Article du 07/03/2021 : la descendance de Germain PAUSAT
- Article du 18/04/2021 : les enfants de Henry PAUSAT


Noël PAUSAT (n°1924)

Noël naît à Castelnaudary le 25/12/1722, neuvième et dernier enfant de Durand PAUSAT et de Catherine LINAS. Son frère Germain, dont nous avons évoqué la descendance, est son parrain.
Remarque : Soulignons que Louis XV, né en 1710 et qui a succédé à son arrière-grand-père 
Louis XIV depuis l'âge de cinq ans, est alors roi France.


Acte de baptême de Noël Pausat

Le 17 juin 1741, Noël n’a pas encore 19 ans révolus et s’engage pour 6 ans dans le régiment Royal Comtois, celui où ses deux neveux François et Jean Jacques[1] s’engageront aussi plus tard.
Sur les registres de contrôle d’enrôlement de son régiment, on peut lire les informations le décrivant :
« taille de 5 pieds 3 ou 4 pouces 9 lignes (environ 1,73 m), cheveux châtain clair, yeux bleu ou gris, visage long, cicatrice sur le front, visage marqué par la petite vérole, physionomie douce, barbe ..».
On apprend qu’il est menuisier de métier et on lui affecte, sans doute pour cette raison, le surnom Des Noyers ou Denoyer[2].




En 1748, certainement après avoir contracté un deuxième engagement, il est nommé sergent et change de compagnie.
En 1756, nous savons que son régiment participe à l'expédition de Minorque, puisqu’à la reddition de l'île, celui-ci rentre en France où il est chargé de la défense des côtes de Flandres. Les missions qui lui sont confiées sont principalement des fonctions de surveillance des frontières et des côtes pour veiller à toute velléité de débarquement de la part des Anglais.
C’est ainsi qu’à partir de l’année 1760, en preuve de la présence de ce régiment sur cette côte, on dénombre dans son régiment des cas de décès près des villes côtières comme Dunkerque, puis en 1761 à Dieppe.



Avis de décès de Noël PAUZAT à l’hôpital du Havre

Malheureusement, on y découvre aussi que Noël PAUZAT décède le 22 juin 1761 à l’hôpital du Havre, ce qui est confirmé par l’avis de décès retrouvé dans les archives de ce dernier. Il y est indiqué qu’il a 36 ans, alors qu’en réalité il a 39 ans[3].
Sur sa fiche, il n’est pas précisé les circonstances exactes de sa mort. Cependant, en considérant les deux seules hypothèses plausibles, nous en évoquerons le contexte.

L’hypothèse d’une blessure de guerre

Préalable : rappelons une nouvelle fois que cinq ans plus tôt débute la guerre de Sept Ans (1756 à 1763) entre les grandes puissances européennes regroupées en deux systèmes d'alliance : la France alliée à l'Autriche et la Grande-Bretagne alliée à la Prusse.
Mi-1761, il reste encore deux ans avant la fin de ce conflit.

Premier constat : s’il décède au Havre à la suite d’une blessure de guerre, celle-ci lui a été infligée à proximité de cette ville. En effet, comment envisager, à cette époque, une évacuation d’urgence sur une longue distance.
C’est pour cette raison, que l’hypothèse que ceci soit intervenu à Belle-Île-en-Mer, lors de la prise par les Anglais de cette l’île entre le 7 avril et le 8 juin 1761, est exclue malgré la concordance de dates, car située sur la côte sud de la Bretagne à proximité de Lorient et Vannes, villes situées à environ 400 km du Havre.

Second constat : en parcourant le registre de son régiment et en cherchant les décès contemporains, on constate que de février à avril 1761, ceux-ci eurent tous lieu à l’hôpital de Dieppe, ville située à environ 100 km du Havre. Il est donc vraisemblable que son régiment était alors stationné le long de la côte normande à proximité de ces villes (voir la carte ci-dessous).
Enfin, soulignons que durant ce conflit, les escarmouches entre les troupes françaises (milice garde-côte et régiments en place) et anglaises[4] se succèdent sans répit.

L’hypothèse d’une maladie

En Normandie, malgré de nombreux hôpitaux militaires situés le long de la côte, les connaissances médicales sont rudimentaires et les conditions sanitaires, d’hygiène et alimentaires ne sont pas exemplaires. Souvent il se disait que : « le décès était causé par « une fièvre maligne », sans que l’on sache à l’époque de quelle maladie s’il s’agissait : la grippe, la fièvre des marais, la dysenterie, le choléra, la variole, la syphilis, la scarlatine, la tuberculose pulmonaire, les typhoïdes, le trousse-galant[5], la suette miliaire[6], la rougeole maligne, avec des complications qui ne se voient plus de nos jours ».
En 1758, la fièvre typhoïde et surtout la dysenterie font des ravages et sont la première cause de mortalité. Par exemple, il est dit « qu’à Avranches, un tiers des enfants périssait avant d’atteindre l’âge de 10 ans, la moitié à Évreux à cause de cette maladie, et que « la grande mortalité de 1756 ne s’étendit que sur les soldats, qui moururent en grand nombre à l’hôpital. »
Pour la vérole, souvenons-nous que lors de son engagement, il est dit qu’il a un visage marqué par la petite vérole. Il a donc déjà contracté celle-ci, mais il n’est pas impossible qu’il ait subi une récidive plus sévère.


Conclusion 
Les registres de contrôle de son régiment ne précisant jamais les causes de décès, on peut s’étonner du nombre de fois où il est précisé que ceux-ci eurent lieu « à l’hôpital de … ». Rappelons que dans son régiment, au cours de l’année 1761, son décès ne fut pas le seul, trois de ses frères d’armes décédant à celui de Dieppe quelques semaines plus tôt.
Que doit-on en retenir, blessures de guerre ou cause de morbidité ?




[1] Voir l’article précédent du 07/03/2021 « la descendance de Germain PAUSAT » qui leur est dédié.
[2] Noyer : rappelons que c’est aussi un bois utilisé en ébénisterie.
[3] Il a donc fait 20 ans dans l’armée et a donc renouvelé une 3e fois son contrat.
[4] Commandos anglais de plusieurs dizaines d’hommes débarquant à l’improviste, comme en janvier 1757, près de Dieppe ou en juillet 1762 à Ouistreham, au sud du Havre
[5] Sorte de maladie violente et rapide qui abat, emporte le malade en peu de temps. On a désigné quelquefois par ce nom le choléra-morbus.
[6] Maladie fébrile contagieuse et épidémique, d'origine inconnue, caractérisée par une élévation brusque de la température, accompagnée de sueurs abondantes et excessives, d'une éruption cutanée (constituée de petites papules rouges recouvertes de petites vésicules blanchâtres), de troubles nerveux et de difficultés respiratoires.