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3 avril 2012

Les Pauzat qui émigrèrent (1ère partie) : Pourquoi émigrèrent-ils ?

Je dédie cet article à tous les Pauzat[1] qui émigrèrent un jour, ainsi qu’à leurs descendants contemporains, ceux qui perpétuent aujourd’hui ce patronyme et ceux qui ne le portant pas, ont eu une aïeule dont c’était le nom et dont le souvenir s’estompe peu à peu.
J’espère qu’ils ont tous conservé la mémoire de leurs racines et … qu’ils lisent ce blog.

Cette première partie est consacrée à présenter les différentes raisons qui poussèrent nos ancêtres à prendre un jour la décision, certainement difficile, de quitter leurs villages et leurs familles. Bien sûr, souvent ils étaient jeunes, inconscients de ce qui les attendait et fortifiés par les messages flatteurs qui leur parvenaient (lettres d’un parent déjà parti, harangue d’un recruteur passé dans leur village, causeries le soir à la veillée, au coin du feu, ..).

Au cours des articles de ce blog, nous avions vu que de nombreux Béarnais partaient en Espagne qui manquait de main-d’œuvre, puis revenaient régulièrement chez eux. Ainsi, dans certains villages, le tiers des hommes partaient durant 8 à 9 mois de l’année, se spécialisant dans les métiers de bergers, hongreurs (castreurs), forestiers, tondeurs, etc. Ils allaient jusqu’à Valence et en Andalousie, où de nombreux béarnais ne revinrent jamais et firent souche (nous ignorons, à ce jour, s’il eut un Pauzat parmi eux).

Arrivée des émigrants à New York, passant par le centre d'accueil Ellis-Island
Par contre, le départ vers les Amériques, à partir du 18e siècle, s’inscrit dans le flux migratoire des populations européennes, celui-ci étant causé principalement par les différents bouleversements de l’histoire de ce continent.
Tout d’abord en France, les raisons économiques consécutives aux conflits avec les pays voisins et aux guerres de religion, l’inégalité devant l’impôt[2], les années de famine suite aux mauvaises récoltes, les hivers rigoureux, les épidémies, furent la cause majeure de ces émigrations.
En second lieu, nous avons la situation particulière des cadets de chaque famille qui ne peuvent pas accéder à la propriété des terres (droit d’aînesse). 
L’exemple le plus représentatif de la concomitance de ces deux dernières causes est celui de Jean-Baptiste Pauzat Zúñiga, cinquième enfant d’une famille d’Issor dont nous avons déjà parlé dans ce blog. Il a 20 ans, en cette période de la Révolution française, sans espoir d’avoir une terre à lui,  la situation du pays est catastrophique, c’est la période où la « Terreur est mise à l’ordre du jour » avec ses listes de suspects à guillotiner, le clergé est pourchassé, les armées ennemies sont aux frontières.
En troisième lieu, quelques décennies plus tard, il faut ajouter le désir d’échapper à un service militaire long et souvent injuste dans sa forme de recrutement : la Conscription[3]. Les boucheries des guerres napoléoniennes (plus de 2,5 millions de morts, dont 1 million côté français, les récits faits par les survivants revenus chez eux) ont écœuré pour longtemps les jeunes à porter les armes.
Affiches vantant la réussite des émigrés qui se sont expatriés et proposant la traversée de l'Atlantique

Enfin, le quatrième facteur est le prosélytisme des organisations[4] incitant la population à franchir les océans pour aller s’implanter dans les terres « vierges » réclamant de la main-d’œuvre. Les années 1875-1890 ont marqué l'apogée de cette émigration.
Les pays demandeurs avaient ouvert en France des agences d’immigrations et embauché des recruteurs. Ce métier d’agent recruteur, très actif par exemple en Béarn, semble être né des opportunités pour les navigateurs transporteurs de marchandises de rentabiliser leurs voyages en prenant des passagers.
Une page du registre de Laplace et photo de passagers émigrants 

« Un natif du Béarn, Jean-Baptiste Laplace, a été l’un de ces recruteurs. Au départ, il est lui-même un émigré pour insoumission qui en 1863 est en Argentine et qui en 1868 parvient à rentrer en Béarn pour se faire juger et pour « racheter » un remplaçant.
Il a laissé dans ses registres, dès 1879,  les relevés des coordonnées des passagers qu’il faisait embarquer. Il tire ses revenus d’un pourcentage qu’on lui accorde sur chaque passage payant. Il est fort probable que l’un des Pauzat émigrés ait profité de cette filière.
Les descendants d'émigrés qui ont entendu les récits de ces voyages affirment souvent que l'aïeul, ou l'aïeule parfois, était parti « en sabots, le baluchon sur l'épaule et pour payer le prix du passage, avait travaillé sur le bateau ».
Les départs des Béarnais se faisaient le plus souvent par le port de Bordeaux ou de La Rochelle, mais certains par Le Havre (destination New York) ou les ports espagnols. On sait, par exemple, que Jean-Baptiste Laplace accompagnait (ou faisait accompagner) les émigrants à destination de La Havane, jusqu'à Irun pour aller prendre un bateau à Santander ou aux Pasajes de San Sébastien ».
La création des Compagnies maritimes a ainsi développé le métier et multiplié les agents recruteurs qui sillonnaient les campagnes, fréquentant les marchés et les foires, les sorties de messe et les enterrements. Le nombre de candidats à l'embarquement semble s'être accru rapidement pour devenir des plus importants vers la seconde moitié du 19e siècle, et surtout, au niveau européen, au début de 20e siècle[5] ce que nous allons vérifier aussi dans la seconde partie de cet article.
  
Prochain article 
Les Pauzat qui émigrèrent (2e partie) : Qui sont-ils ?

Nota : Si l'un de vos ancêtres a émigré et si vous souhaitez faire une remarque, citer une anecdote, envoyer une photo à son sujet, n’hésitez pas à me les faire parvenir à l’adresse : geneapauzat1@gmail.com
Ces témoignages, avec votre accord, seront alors diffusés dans ce blog.
Langues acceptées : français, anglais, espagnol, catalan.

[1] Et les autres patronymes d’origine ou dérivés : Pausat, Pouzat, etc.
[2] Seuls les roturiers devaient assumer l’impôt. Le clergé, qui possède 10% des terres, ne paye pas d’impôt, mais en perçoit des paysans qui doivent fournir 3 à 15% des récoltes. La noblesse, qui possède 25% des terres, ne paye pas d’impôt, mais a le droit de lever les siens.. à ceux-ci s’ajoutent les impôts royaux, toujours payés par les paysans et les autres représentants du bas peuple !
[3] C’est la Conscription qui semble avoir provoqué le plus de départs et plus particulièrement après les guerres napoléoniennes et sous la Restauration. Les guerres de la période révolutionnaire « consommaient » beaucoup d’hommes. Pour y remédier, une loi fut votée en 1798, la loi Jourdan, afin de permettre la réquisition des hommes en âge de se battre. Chaque homme, l’année de son vingtième anniversaire, devait s’inscrire sur les listes de Conscription. Si le numéro associé à son nom était tiré, il était aussitôt enrôlé dans l’armée pour un service militaire dont la durée a été jusqu’à sept ans !
[4] Les offres des agences d’émigration ont facilité beaucoup le départ des jeunes gens voulant échapper à la Conscription qui espéraient par la même occasion améliorer leur situation économique.
[5] Les immigrants venus des régions agricoles d'’Europe, chassés par la pauvreté ou la violence voient leur nombre augmenter considérablement, celui qui passe par Ellis Island enfle jusqu’à atteindre 800 000 (!) pour la seule année 1914.

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