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15 juillet 2020

Les PAUSAT en armes du berceau Languedoc - Pierre PAUSAT

Préambule : voir l'article précédent du 14/07/2020

Après avoir présenté en préambule l'objet de cette série d'articles, découvrons le premier des PAUSAT « en armes » du berceau Languedoc.

Pierre PAUSAT dit Languedoc



Dans le quartier populaire de la paroisse St-Michel, naquit le 12/02/1708 à Castelnaudary Pierre PAUZAT, le quatrième des neufs enfants de Durand PAUSAT exerçant le métier de voiturier[1] et de ménager[2] et de Catherine LINAS, sa femme.
À cette époque, Louis XIV vit ses dernières années de règne et mène la guerre dite de Succession d’Espagne[3]. Quand ce dernier décède en 1715, son seul héritier est son arrière-petit-fils Louis XV dont Pierre PAUZAT sera le contemporain.
Notons que tout jeune, il connut le passage de la peste qui ravagea la Provence et le Languedoc entre 1720 et 1722.
À l’âge de 23 ans, résidant toujours dans sa ville natale, il se marie le 30 janvier 1731 avec Isabeau PORTES, fille d’un brassier[4].
En 1733, ils ont une fille Catherine. Tout semble indiquer qu’il restera vivre à Castelnaudary.
Or, le 30 novembre 1734, pour une raison et des circonstances que l’on ignore, il s’enrôle pour 6 ans dans le Régiment de Cavalerie du Berry où on lui affecta le surnom[5] « Languedoc » qu’il gardera jusqu’à la fin de sa carrière militaire.
Lors de son enrôlement, sa fiche[6] note que : « outre le surnom qu’on lui a attribué, sa taille est de 5 pieds/3 pouces (soit environ 1,60 m), qu’il a les cheveux, la barbe et les sourcils noirs, le nez long, le visage basané, les yeux noirs et une cicatrice sur la joue gauche ». Rien donc du visage d’un jeune premier juvénile !


À cette époque, la France fait face à plusieurs conflits et a un besoin important en hommes[7].
Peut-être s’est-il laissé convaincre ou piégé par un sergent recruteur comme la lecture d’un ouvrage[8] consacré à l’organisation des régiments sous Louis XV l’évoque :
« Le recrutement était normalement du ressort du capitaine du régiment, mais ce pouvoir était délégué en fait aux sergents, voire à de simples soldats. Dans la pratique alors, des faussetés, des manœuvres frauduleuses et criminelles amenaient quelque pauvre diable à contracter un engagement de six ans. On assistait alors à des scènes, pathétiques de racolage, qui dégénéraient en véritables enlèvements ».
Remarque : pour ceux qui ont vu le film « Fanfan la Tulipe », l’histoire se déroulant exactement à cette époque, on assiste au début de ce dernier à une scène qui évoque cette pratique. Dans celle-ci, on voit un jeune paysan (joué par Gérard Philipe en 1952) qui se fait manipuler par la fille d’un sergent recruteur, se faisant passer pour une bohémienne disant la bonne aventure, qui lui révèle qu’en tant que militaire, il connaîtra le succès et la gloire.

Le même ouvrage précise : « Au moment de la signature, on donnait 20 livres pour prix de 6 années de service (soit l’équivalent de 256 € actuels), la solde était payée d'avance pour cinq jours en temps de paix, pour dix jours en temps de guerre. Cette solde beaucoup trop modique, surtout vers 1755, condamnait le soldat à une misère intolérable.

Ces informations nous laissent perplexe sur les motivations de Pierre PAUSAT le poussant à s’engager dans une carrière militaire qui durera finalement 18 ans. Sachons, cependant, selon les mêmes sources que : « Le soldat pouvait travailler en ville. Il devait rentrer au quartier à huit heures du soir ». Mais cette ville pouvait-elle être Castelnaudary ? Ceci est douteux, car les régiments, en temps de paix, étaient toujours cantonnés ou en quartier sur la frontière du nord et de l'est, points vulnérables du royaume.

En 1735, son régiment prend ses quartiers à Clermont-Ferrand, bien loin de la ville qu’il a quittée et où sa femme et sa fille sont supposées encore y résider. Mais ceci ne l’empêchera pas d’avoir un second enfant en 1736, un fils nommé Henry qui fera l’objet de l’article suivant et dont le parcours permettra d’éclaircir les raisons qui pousseront ce dernier à aller vivre à Marseille et à initier ainsi la seule branche survivante du berceau Languedoc.

En avril 1738, il obtient le grade de brigadier (l'équivalent de caporal) et le 30/11/1740, il renouvelle son engagement pour une seconde période de 6 ans, laissant seule une nouvelle fois sa femme, cette fois-ci avec deux enfants.

On suppose donc qu’il participa à la guerre de Succession d’Autriche[9] et en particulier à la bataille de Fontenoy le 11/05/1745 qui se déroula aux Pays-Bas autrichiens (l’actuelle Belgique).
Notons que ce fut à l’occasion de cette bataille que s’échangèrent entre les Français et les Anglais qui se faisaient face des exhortations qui n’ont plus cours de nos jours, comme celle de proposer à l’adversaire l’avantage de faire feu les premiers et dont on ne retiendra que la fameuse phrase devenue historique : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! »[10].



Le 04/05/1749, alors qu’il a quitté l’armée depuis 1746, il se rengage une troisième fois pour 6 ans dans le même régiment. Il terminera sa carrière militaire en 1755, après y avoir consacré 18 ans de sa vie.
On ignore s’il put bénéficier d’une pension de retraite, sachant que celle-ci ne sera officialisée par une ordonnance de Louis XV qu’en 1762, d’une valeur de 100 livres environ par an et d’un habit tous les 6 ans, mais …. seulement pour ceux ayant 24 années de service (3 x 8 ans et non plus 6 ans) et seulement deux élus par bataillon[11] !

Vingt ans plus tard, il décédera à Castelnaudary le 25/02/1775, à l’âge de 77 ans. 

note : le prochain article sera consacré à son fils Henry PAUSAT


[1] Le voiturier était un transporteur de marchandises au moyen de chevaux, de charrettes ou même d'une diligence. Souvent, il était propriétaire de son véhicule.
[2] Personne travaillant au profit d'un ménage, d'une maison
[3] La guerre de Succession d'Espagne, menée par une coalition européenne pour empêcher le comte d'Anjou second fils du dauphin de devenir roi d'Espagne commence en 1701. La France après quelques victoires connaît de nombreux revers. La paix est signée à Utrecht en 1714 et confirme l'accession d'une branche des Bourbon sur le trône d'Espagne.
[4] Ouvrier n'ayant que ses bras pour gagner sa vie
[5] Le surnom, pratique usuelle dans l’armée à cette époque, n’avait pas le même rôle social que dans la vie civile. Le surnom restait la « propriété » de la compagnie et était donc unique chez celle-ci. Une fois le militaire muté par ailleurs ou quittant l’armée, ce surnom devenait disponible pour une nouvelle recrue.
[6] Ces fiches sont consultables sur le site mémoire des hommes, dans les registres matricules de l’Ancien Régime (1682-1793) sur le lien : https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/inventaires/ead_ir_consult.php?ref=RCT-AR-2&c=GR%201%20Yc%20861&fam=10
[7] En 1734 a lieu la guerre de succession de Pologne, conflit européen qui durera de 1733 à 1738 et en avril l’Autriche déclare la guerre à la France.
[8] « Les régiments sous Louis XV » de Lucien Mouillard : http://pfef.free.fr/Anc_Reg/Unif_Org/Mouillard/mouillard.htm
[9] La guerre de Succession d’Autriche durera de 1740 à 1748.
[10] Contrairement aux apparences, cet échange ne doit rien à la courtoisie ou à la politesse. Une règle du combat d'infanterie interdisait à une troupe de tirer la première dans un combat rapproché, afin de ne pas être désarmé ensuite devant le feu de l'ennemi, le rechargement des armes s'avérant très long.
[11] Voir l’ouvrage : « Une politique de la vieillesse : la retraite des vieux soldats, 1762-1790 » par Jean-Pierre BOIS

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