En dépouillant les données généalogiques de nos
ancêtres, j’ai parfois rencontré des individus portant un patronyme proche
orthographiquement du nôtre.
Ainsi, il existe des CAUZAT, DAUZAT, FAUZAT, ….
TAUZAT.
La similitude de ces patronymes est-elle liée à une
évolution accidentelle de l’écriture d’un surnom déjà existant, ou s’agit-il d’appellations
distinctes ayant chacune leur propre origine linguistique ?
Sans vouloir prétendre répondre scrupuleusement à cette question, je vous
propose de partir à la découverte des informations qui pourraient nous éclairer
sur ce sujet.
Préambule
Tout d’abord, je relaterai
cette anecdote :
C’est adolescent que, la première fois, j’ai découvert
cette ressemblance avec mon nom.
Il m’est revenu à la mémoire, que j’avais lu sur un
journal, qu’un dénommé DAUZAT proposait de fournir le sens étymologique du nom
de chaque personne qui lui en ferait la demande. Ma curiosité éveillée par son
nom voisin du mien, je lui ai écrit et j’eus pour réponse que le patronyme
PAUZAT signifie : « gros » (sic).
Ce fut ainsi ma première tentative pour connaître
l’origine de mon nom et ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai su que celui-ci
était initialement un surnom[1] emprunté
à la langue occitane, nos ancêtres étant tous originaires d’Occitanie.
Remarque : Je suppose que cette personne devait être Albert DAUZAT[2] qui rédigea, entre autres, un ouvrage sur l’onomastique[3] : «Dictionnaire étymologique des noms de famille et prénoms de France, Larousse, 1951».
Rappelons que notre nom de famille est l’héritage du surnom donné à nos ancêtres
ayant vécu vers les 10/11e siècles, époques où l’augmentation de la population
a fait se côtoyer de plus en plus d’individus portant le même prénom, celui-ci
étant le plus souvent celui du saint de la paroisse. Cette situation a poussé
les habitants d’un même village à ajouter un surnom au prénom de chaque
individu pour les différencier.
Cette coutume est devenue progressivement officielle
quand les naissances, les mariages et les sépultures furent systématiquement
répertoriés par l’Église, à partir de 1550.
« Authenticité »
d’un patronyme
À mon avis, pour qu’un patronyme puisse
se revendiquer comme étant la continuité d’un surnom, il doit satisfaire au
moins deux critères :
Premier critère : il doit donc avoir existé antérieurement en
tant que surnom, exprimé dans la langue en usage dans sa région, ici, l’occitan[4].
Second critère : Il est préférable que l’usage de ce surnom corresponde
à un besoin bien antérieur à sa première « officialisation » dans les
actes paroissiaux. En effet, son ancienneté implique ainsi l’existence de
plusieurs générations d’individus identifiés avec celui-ci et écarte
l’hypothèse d’une erreur littérale au moment des premières rédactions des
actes.
Allons
à la découverte de nos voisins patronymiques[5] …
CAUSAT
/CAUZAT :
CAUZAT : très peu d’individus,
situés dans l’Allier
CAUSAT : on en trouve quelques-uns en Gironde, l’Allier et dans les Pyrénées-Orientales
CAUSAC : comme ci-dessus, on en
trouve en Gironde et les Pyrénées-Orientales, mais aussi en Lozère.
CAUZAC : très peu d’individus en
Loire-Atlantique, la Gironde et l’Hérault.
Remarque :
1- On
remarque ces noms en Haute-Garonne vers 1634 et dans les Pyrénées orientales
dès 1610 (Canet-en-Roussillon, Narbonne, etc.), et ponctuellement en Allier et
en Gironde.
2-Cette orthographe est rare, seulement moins de 100 individus répertoriés depuis le Moyen-âge à nos jours, mais ce nombre est beaucoup plus important en prenant en compte les patronymes CAHUSAC / CAHUZAC plus répandus.Étymologie : aucune origine connue pour ce patronyme, sauf pour Cahuzac qui serait un nom de famille, représentant un nom de localité ancienne de l’Aude.
DAUZAT :
DAUZAT : un grand nombre
d’individus, localisés en Auvergne, surtout dans le Puy-de-Dôme, mais une
exception, ci-dessous, en Haute-Garonne
DAUSAT : quelques individus dans
les Pyrénées Atlantique, la Dordogne, et le Puy-de-Dôme
DAUSAC : On trouve aussi des
individus sous cette forme, les plus anciens étant dans le Vaucluse (en 1578),
les autres étant localisés dans les Pyrénées-Atlantiques, le Lot-et-Garonne, le
Tarn, la Dordogne, le Gard, l’Aude, le Puy-de-Dôme et curieusement en Vienne,
alors que ce territoire se situe hors l’Occitanie.
Curiosités : présences d’un DAUSAC
-
En 1700, au
Québec :
-
En 1368, dans le
Gard :
DAUZAC : On trouve aussi des individus DAUZAC, dans le Tarn, le Tarn-et-Garonne et le Lot-et-GaronneÉtymologie : Ce nom est celui d'une localité du département du Puy-de-Dôme. L'étymologie de ce toponyme serait indo-européenne, il provient de l'agglutination du nom de personne gallo-romain davisius et du suffixe acum qui signifie : la terre de davisius.
Paysage à DAUZAT-sur-Vodable en Puy-de-Dôme, et le domaine viticole DAUZAC en Gironde
GAUZAT :
GAUZAT : peu d’individus, ils se
situent principalement en Allier, puis en Ariège, Yonne, Dordogne, et un à
Nîmes en 1616 ;
GAUSAT : un seul individu dans
l’Allier (décès de Gilberte GAUSAT)
GAUZAC : quelques individus portant
le nom de GAUSAC, situés en Lozère et dans le Tarn.
Étymologie : a priori, venant du verbe oser (gausar, ausar), mais aucun GAUSAT recensé à ce jour avec la
terminaison en SAT, alors que c’est cette orthographe qui devrait précéder les
autres.
JAUZAT :
JAUZAT : quelques individus
recensés dans le Puy-de-Dôme, le Var et un peu plus en Corrèze à des dates
proches de la fin du 17e siècle
JAUSAT : on trouve des individus
seulement dans le Var et la Corrèze,
JAUZAC / JAUSAC : il y a beaucoup
plus d’individus portant ces patronymes (un peu moins avec l’écriture JAUSAC).
Ces derniers sont localisés en Corrèze, Dordogne et le Lot.
Étymologie : ce nom désignerait celui qui est
originaire de Jauzac, nom de hameaux à Chasteau (19), Terroux (46) et Fumel
(47). Il est dit que « l’origine de ces hameaux viendrait du nom du domaine Gaudius, nom de personne latin ».
Musique médiévale et le prêtre chanoine Pierre LAUSAC en 1499 à Valabrègue dans le Gard
LAUZAT :
LAUSAT : très peu, un individu dans
le Gers en 1627, un autre en 1651 dans les Pyrénées-Orientales et un troisième
en Gironde en 1673, puis dans le Tarn-et-Garonne et le Vaucluse
LAUZAT : beaucoup plus nombreux, on
en trouve dès 1519 dans le Tarn-et-Garonne, puis en Aveyron vers 1525, et aussi
dans l’Allier, curieusement la terminaison en ZAT semble précéder celle en SAT.
LAUSAC : quelques individus dès
1500 dans le Gard, la Haute-Garonne, la Corrèze, la Drôme et le Lot
LAUZAC : une fois de plus, on
trouve la terminaison en ZAC antérieure à celle en SAC, le premier est en 1410,
lieu inconnu, puis dans le Gard, le Lot et l’Ardèche
Étymologie : pas d’explication à ce jour, signalons des
lieux-dits Lausa et Lauza en Gascogne et Provence
(signifiant : « pierre plate et
mince, dalle, roche schisteuse »).
MAUZAT :
MAUZAT : ils sont localisés en
Auvergne (Allier, Puy-de-Dôme), Dordogne et Limousin (Corrèze), ils vécurent en
voisin des PAUZAT, parfois dans les mêmes communes.
MAUSAT : on en trouve essentiellement
dans l’Allier
MAUSAC : existe aussi dans les
Hautes-Pyrénées, le Cantal
MAUZAC : idem que ci-dessus, plus
le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire et la Vienne et (voir les photos ci-dessous) :
- - Il existe une
commune Mauzac dans la Haute-Garonne, une autre Mauzac-et-Grand-Castang en Dordogne
(anciennement Mauzac, avant d’être rattaché à Grand-Castang ), près de
Bergerac.
- - Depuis 1525, on
trouve le nom de Mauzac à Gaillac dans le Tarn, pour identifier un vignoble
nommé « Mauzac noir ».
Étymologie : voir un extrait d’un lexique occitan-français,
ci-dessous
SAUZAT :
SAUZAT : quelques individus
recensés en Charente-Maritime, l’Allier, la Dordogne, la Haute-Vienne, la Drôme,
l’Indre, le Vaucluse, les Pyrénées-Orientales et les Deux-Sèvres.
Curiosité : un SAUZAT qui se marie
en Australie en 1529
SAUSAT : on en trouve en
Haute-Vienne, dans la Drôme, en Charente-Maritime, le Cher, l’Indre, l’Ardèche
et le Vaucluse, ainsi qu’un mariage dans l’Hérault en 1670
SAUSAC : recensés dans la Drôme,
l’Ardèche, l’Hérault, le Vaucluse, l’Ariège, en Charente-Maritime et en
Haute-Loire
Curiosité : une Alix de SAUSAC dite des Ollières, habitant en Ardèche à St-Cierge-sous-le-Cheylard en 1448.
SAUZAC : très peu d’individus, ils
sont situés en Ardèche, le Gard, la Charente-Maritime.
Étymologie : le nom SAUZAT est fréquent dans l'Isère et en Provence, le nom désigne celui qui habite un lieu-dit (le) Sauze (= le saule). A noter enfin des noms qui devraient être des diminutifs, mais qui peuvent aussi évoquer un bois de saules comme Sauzat (87).
Dans le tableau de droite, ci-dessus, sont
récapitulées les concentrations les plus importantes des patronymes examinés
dans cet article. On peut remarquer, comme pour les PAUSAT/PAUZAT[6],
une implantation de ces patronymes le long des rives de la Dordogne, du Massif
central jusqu’à la mer.
Enfin, pour les formes en : FAUZAT, HAUZAT, NAUZAT, QAUZAT, RAUZAT, TAUZAT, VAUZAT, on peut considérer qu’il
n’existe pas de rapport entre elles et la langue occitane. De plus, leur nombre
est si faible, qu’à l’évidence, leur présence est probablement due à un
« accident de parcours » lors de la transcription orale de ces derniers
sous la forme littérale.
Pour conclure, je n’ai pas trouvé de preuve
de l’existence d’un lien entre les différentes formes de ces patronymes et le
nôtre.
Le seul point qui leur est commun est
celui d’être seulement présents en Occitanie. Chaque patronyme y a donc son parcours
personnel, dont nous ne connaîtrons sans doute jamais l’origine.
[1] Le patronyme Pauzat était initialement écrit Pausat, participe passé du verbe pausar, ce dernier, écrit différemment selon les circonstances et les régions : AU devenant OU ou simplement O, SAT devenant ZAT, et AT alternant avec AC.
voir les articles des 14 septembre 2010 et 01 mars 2011.
[2] Linguistique français (1877-1955), pionnier dans le domaine de l’anthroponymie (étude des noms propres de personne) et de la toponymie (étude des noms propres de lieu).
[3] L'onomastique est une branche de la lexicologie qui a pour objet l'étude des noms propres : leur étymologie, leur formation, leur usage à travers les langues et les sociétés.
[4] Ou éventuellement, une langue plus ancienne ayant été en usage dans ce territoire, par exemple pour un nom de lieu.
[5] La crédibilité des informations indiquées ci-dessous est tributaire de l’état d’avancement des informations recueillies dans les sites de généalogie consultés.
[6] Voir l’article du 18/10/2010 : Les bateliers de la Dordogne
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