Voici un fait, a priori surprenant, concernant la commune d’Arette (berceau béarnais).
Il est en effet rare de voir cité dans les archives ecclésiastiques du 17e siècle, la cause du décès d’un individu.
Hors la même année, on trouve 3 personnes tuées par « coup de fusills », en février, septembre et octobre 1654.
- Étymologie : rappelons que le mot fusil en occitan se traduit « fusilh » (fusell, aujourd’hui en catalan, mais se prononçant fusill).
L’écriture fusilh diffère donc légèrement de celle des actes ci-dessus. Ceci est vraisemblablement dû au fait que, localement, il devait y avoir quelques différences d’écriture avec celle des autres régions ou encore, que l’orthographe n’est pas exacte.
- Armement : rappelons que le fusil utilisé en France à cette époque est le mousquet à mèche qui restera en usage dans les armées jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Mais à partir de 1670, il y aura de plus en plus de fusils à silex (dont la mise à feu de la poudre est produite par un silex heurtant une pièce de métal appelée batterie).
Cette arme est utilisée par les fantassins, en particulier les mousquetaires dont le nom est issu de celle-ci.
- Contexte historique :
avant 1654 : Le soulèvement des protestants béarnais en 1619 avait été réprimé en 1620, avec l'entrée en personne de Louis XIII à Pau. La Fronde , commencée en 1648, est terminée depuis 1652. En 1653 les conflits en Guyenne (Bordeaux) ont été réglés. Cependant, la guerre avec l’Espagne (où Condé a rallié le camp ennemi) se poursuit « partout où une garnison espagnole fait face à une garnison française ». Ce conflit prendra fin en 1659, par le traité des Pyrénées.
l’année 1654 : En mars, Condé est condamné pour crime de lèse-majesté, le privant de toutes charges, dignités et honneurs et ses biens sont réunis à ceux de la couronne. En août ce dernier sera vaincu à Arras, face aux armées royales commandées par Turenne, et c’est en juin que le jeune Louis XIV est sacré à Reims. En novembre, un traité est signé entre la France et l’Angleterre pour former une alliance contre l’Espagne.
Conclusion : comment savoir quelles sont les causes exactes de ces décès couvrant une période de plusieurs mois durant l’année 1654 ?
Ces trois personnes, décédées séparément de morts violentes, respectivement âgées de 45, 40 et 29 ans, furent certainement tuées dans le cadre d’un conflit puisque seuls les militaires pouvaient posséder des fusils, et certainement pas les paysans (à moins que ces derniers fussent enrôlés dans une milice).
On peut donc supposer, les guerres de religion étant terminées, qu’il s’agit probablement de la conséquence de plusieurs affrontements en Béarn avec des troupes espagnoles basées en Navarre.
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