Dans l’attente d’informations
provenant de descendants d’émigrés qui pourraient nous transmettre une partie
de l’histoire de leurs ancêtres, nous allons conter dans cet article, celle d’Élisabeth Pauzat, émigrée aux United
States, à partir des souvenirs qu’ont gardé d’elle, sa famille restée au pays.
Contexte :
En cette
fin du 19e siècle, l’émigration vers les Amériques est à son point
culminant. Le travail des recruteurs pour les Compagnies maritimes est
certainement très efficace et les informations « optimistes » de ceux
qui sont déjà partis ne font qu’encourager les autres à les rejoindre.
Ainsi, on
constate que même certains font des va-et-vient entre les deux continents et
curieusement non pas en partant de Bordeaux le port le plus proche (pour les
béarnais), mais du Havre ou de Boulogne-sur-Mer.
Autre
remarque, les départs se font tous en fin d’année, après les récoltes, quand le
travail dans les champs a cessé et New York, port d’arrivée, n’est qu’un lieu
de transit vers une autre destination, souvent La Californie où la
main-d’œuvre est particulièrement recherchée[1].
Histoire connue à ce jour d’Élisabeth
Pauzat :
Elle est
née le 3 août 1889 à Arette (Béarn), dans la maison CASSOU, fille de Louis
Pauzat, tailleur de pierres de profession, alors âgé de 31 ans et de Anne
NOUQUÉ, sa femme.
D’ores et
déjà, précisons que sa famille maternelle, les NOUQUÉ, compte de nombreux
individus dans la vallée de Barétous, dont une grande partie émigrera aux
United States.
De ce fait,
elle est en contact permanent avec certains d’entre eux et sans doute avec
François NOUQUÉ, son futur époux.
- En 1898,
Pierre NOUQUÉ (né le 14 décembre 1864 à Arette, meunier de profession, marié le
3 janvier 1895 à Geneviève MAYSONNAVE (née le 6 mars 1866 à Arette) part du
Havre, sur le navire Rotterdam, pour rejoindre New York le 5 décembre 1898.
- L’année
suivante en 1899, sa femme (appelée Geneviève
NOUQUÉ sur le registre de bord) part du même port, sur le navire Graf
Waldersee, pour New York, où elle arrive le 1 octobre 1899 pour rejoindre sans
doute son mari.
- En 1904,
on retrouve ce Pierre NOUQUÉ qui entre-temps a dû revenir en France, car il part
du Havre sur le navire La
Touraine , il a maintenant 40 ans, pour arriver à New York le
8 octobre 1904.
- Et enfin,
en 1907, Élisabeth PAUZAT, âgée seulement
de 18 ans, qui part du Havre sur le navire La Gascogne pour New York, où
elle arrive le 4 novembre 1907.
Mais elle
n’est pas seule, car voyagent avec elle, originaires du même village :
Geneviève NOUQUÉ, précitée, qui a maintenant 42 ans, accompagnée de deux
enfants, Jacques NOUQUÉ âgé de 4 ans (né à Arette en 1903) et Madeleine NOUQUÉ
âgée de 9 ans (née à Arette en 1898).
Est-ce une
coïncidence ? Sans doute que non, si elle accompagne Geneviève et ces deux
enfants (dont celle-ci est vraisemblablement la mère), c’est pour les
accompagner, a priori, soit en tant que « dame de compagnie », soit
pour rejoindre aux United States son futur époux, soit les deux[2].
Ce que l’on
sait d’elle ensuite, c’est qu’elle se marie avec Frank NOUQUÉ, dont nous
n’avons pas de traces dans les registres d’émigration. Notons que son prénom est
la traduction anglaise de François. Donc, il s’agit d’un François NOUQUÉ, né
dans la vallée de Barétous (Béarn) vers 1880 et qui aurait lui aussi émigré aux
United States[3].
Louis et René Louis en 1941 Jackie |
Ils
vécurent à San Francisco en Californie et eurent deux garçons, René et
Louis :
-
Le
premier, né vers 1910, décédera en 1942.
-
Le
second, Louis Jean NOUQUÉ, né en 1912 (avec les yeux bleus, patrimoine
génétique de nombreux PAUZAT du Béarn), se mariera avec Catherine LECAY (elle
aussi d’origine française), ils vécurent à Palo Alto puis à San José en Californie.
Louis vivra jusqu’en 1983.
Louis et sa
femme Catherine eurent une fille Jackie qui aura deux enfants Stève et
Jeannine, nés entre 1958 et 1960. Le premier aurait fait des études
de vétérinaire et la seconde se serait mariée très jeune avec un jeune
homme originaire des Philippines. Tous deux et leur mère Jackie habitaient en
Californie à Mission Viejo.
Commentaires :
- Remarquons
sur la photo du centre (Louis en 1941), l’inscription sur le véhicule :
« Genuine French », ce qui
signifie « authentiquement français », et il s’agit de boudins (le
mot est français, car sa traduction en anglais aurait dû être associée au mot pudding). Donc, à cette époque (ayant
pris, peut-être, la succession de l’entreprise de ses parents), il vendait ou
fabriquait du boudin, saucisse ou autre .. selon une recette béarnaise !
Nous savons que plus tard, dans les années 1950, il possédait une «
chaîne » de blanchisseries / teintureries qu’il revendra dans les années 70, à
l’arrivée des textiles synthétiques.
En ces
quelques mots et sur quelques années, nous avons l’exemple du dynamisme d’une
famille d’émigrés à la conquête du Nouveau Monde.
Dany Pauzat en 1979, en Californie: entourée de Louis Nouqué (1ère génération) et sa femme Catherine Lecay et à droite, avec Jeannine (3e génération). |
- Autre
remarque : Dany PAUZAT, lors de ses deux voyages en Californie pour aller voir
sa « famille américaine », constate que si Louis et sa femme
Catherine parlent le français et sont toujours attachés à la langue et au pays
de leurs ancêtres, leur fille Jackie « s’exprimait très peu dans celle-ci
et la troisième génération, pas du tout ! ». Ainsi, on comprend
comment le souvenir d’Élisabeth PAUZAT s’estompe peu à peu avec le temps, de
manière irréversible, léguant à ses descendants :
des photos, des lettres ou d’autres documents, dont le souvenir sera lentement
perdu et au mieux, conservés dans un grenier ou tout autre même lieu …
Nous
ignorons donc si les NOUQUÉ contemporains et américains ont gardé la mémoire de
leur aïeule Élisabeth, née Pauzat. Si
oui, est-ce que l’histoire de son parcours en Amérique a survécu au temps et franchira
l’Atlantique, faisant le chemin inverse qu’elle aura suivi, mais cette fois-ci
par internet, en quelques secondes, et non plus par mer, durant plusieurs jours
?
La réponse
à cette question est maintenant du ressort de l’un de ses descendants, s’il lit
ces lignes et s’il souhaite que le souvenir de son aïeule Élisabeth ne disparaisse pas.
[1] On remarque que de nombreux émigrants sont employés en
Californie comme horticulteurs fleuristes. Cette filière a été provoquée par
l'importante production horticole qui s'est implantée dans les environs de San
Francisco. Cette industrie s'est développée et de nombreuses et gigantesques
entreprises vivent toujours de cette production. Ce sont les Basques qui ont
initié cette culture. Ils en sont toujours les principaux
chefs
d'entreprises.
[2] L’une des petites nièces d’Élisabeth, Dany Pauzat,
lors de sa visite en 1979 à sa famille californienne
déclare : « Je leur ai porté, lors de mon premier voyage, la
bague d'Élisabeth Pauzat, sa bague de fiançailles ? ; cette bague se trouvait
parmi les bijoux de ma tantine marraine Catherine Pauzat et nous n'avons jamais
su pourquoi ».
[3] Il existe un François Nouqué, né à Lescun (Béarn) le 17
janvier 1881, son père s’appelle Pierre Nouqué (né en 1858).
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