Son acte de décès nous avait appris qu’il s’était marié avec Jeanne Marie Torres i Millan, nous ne savions pas où et quand. Le nom de son épouse étant à l’évidence d’origine hispanique, il était probable qu’elle soit native d’Espagne ou de l’une de ses colonies aux Amériques. C’est cette dernière hypothèse qui est confirmée par une déclaration écrite de celle-ci, lors d’une procuration destinée à régler les problèmes de succession, après le décès de son mari.
Elle déclare « s’être mariée à Veracruz ». Cette ville est donc au cœur du mystère de ce personnage et nous avons maintenant la preuve qu’il a vécu au Mexique dans cette ville.
Nous
apprenons aussi qu’il a fait un premier testament à Cuba à La Havane en 1823, sans doute
en fuyant lui aussi les troubles de la révolution mexicaine. Cette même année, il
quitte ensuite ce pays pour se rendre aux United States, où il débarque le 4
avril à New York.
A-t-il
séjourné longtemps dans ce pays ? nous le savons pas. Il n’existe, à ce
jour, aucune trace de lui aux United States, hormis ce relevé de son arrivée à
New York.
La recherche de son acte de mariage à Veracruz, possible grâce aux relevés disponibles sur le site FamilySearch de L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, nous apprend lors d’une première tentative couvrant les années de 1792 à 1826
qu’il existe le 17 mai 1809 à Veracruz, un acte relatif au mariage d’une
dénommée Jeanne Marie Torres i Millan,
ayant donc exactement l’identité de son épouse, avec un individu s’appelant Antonio Lazaro Passcot de Zuñiga.
Copie de l’acte de mariage : nom de l’époux, Tonio est le diminutif d’Antoine |
S’agit-il
d’un premier mariage de celle-ci avant d’épouser en seconde noce J-B
Pauzat ?
La lecture
de l’acte fournit les informations suivantes :
-
elle
est âgée de 22 ans, native de Veracruz
-
lui,
âgé de 40 ans, est le fils de Bernardo Passcot et de Francisca Zuñiga, habitant
Veracruz depuis 20 ans et étant né en Espagne, à Cadix.
Par
conséquent, il ne s’agit pas de J-B Pauzat Zuñiga, car ce dernier :
-
est
né en France et non en Espagne
-
Lazare
n’est pas l’un de ses prénoms
-
le
nom des parents ne coïncide pas,
mais :
-
Il
a aussi environ 40 ans à cette date
-
il
s’appelle lui aussi Antoine (ce prénom apparaît en premier dans plusieurs
documents).
-
il
est possible qu’à cette date, il ait résidé 20 ans à Veracruz (de 1789 à 1809)
-
est-ce
une coïncidence ? on retrouve le nom de Zuñiga[1]
(celui de la mère de l’époux)
-
Passcot
est-il une erreur d’écriture de Pauzat ?
En
conclusion, il semble a priori qu’il ne s’agisse pas de l’acte concernant le
mariage de J-B P Z. Par contre, il existe une forte probabilité pour qu’il soit
celui de son épouse. En effet, il est peu probable que dans la même ville et à
la même époque, il existe deux personnes ayant les mêmes prénoms (Juana et
Maria) et les mêmes noms de parents : Torres pour le père et Millan pour
la mère (s’agit-il de deux sœurs ?).
Á partir de
ce constat, n’ayant pas trouvé à Veracruz d’autres actes où figure J-B Pauzat,
le mystère reste entier et les recherches doivent donc être poursuivies vers
d’autres pistes. Par exemple, à partir de sa demande adressée au roi Charles X
pour modifier son nom, en effet, l’inventaire de sa maison stipule l’existence
de 6 pièces concernant celle-ci. La
récupération de ce dossier aux Archives Nationales[2] de
Paris permettra, je l’espère, d’en savoir davantage sur les raisons qui l’ont
motivé.
Remarques :
1-
Nous
trouvons systématiquement en marge des actes de mariage l’expression : casados y velados, ceci signifie
littéralement : « mariés et
voilés ».
Á cette
époque, l’église imposait que les noces se déroulent selon une double cérémonies
séparées temporairement, consistant un jour en l’acte traditionnel de mariage
et un autre jour celui de la « velación ».
La
cérémonie du « velado » regroupait
les mariés et leurs parrains tenant tous les quatre une bougie dans la main,
les mariés étant de plus couverts d’une cape, totalement pour la femme, l’homme
gardant la tête découverte, ce qui symbolisait qu’il était libre. Sur les
mariés on étendait aussi une cordelette qui représentait le yugo (joug).
Dans
l’intervalle de temps qui séparait les deux cérémonies, le couple n’était qu’à
moitié marié. Ceci donnait la possibilité de divorcer, un « divorce étrange », car le mariage
n’était pas consommé : « Dieu
ne les ayant pas unis, l’homme pouvait les séparer ».
Seulement,
une fois les deux cérémonies effectuées la consommation du mariage était
consentie, ainsi que le partage de la table, de la maison et du lit.
2- Il est curieux de noter que dans la
même branche béarnaise de J-B Pauzat, originaire du village d’Issor, il y ait
des Pauzat qui émigrèrent à leur tour au Mexique au XXème siècle, certains s’y
marièrent et d’autres y vivent encore de nos jours !
[1] Jean-Baptiste Antoine Pauzat
fera ajouter officiellement le nom de Zuñiga au sien en 1825, par ordonnance royale,
avec pour argument qu’il est connu sous ce dernier depuis longtemps.
[2] Malheureusement, les archives étant en cours de
déménagement, la consultation de celles-ci ne pourra reprendre qu’au début de
l’année prochaine.
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